On lui promettait l’enfer, et cela n’a été, pour finir, que des escarmouches. Sur un tracé ultra exigeant dans cette étape du Massif central, Tadej Pogacar n’a pas vraiment dû s’employer pour museler les (petites) offensives tentant de le mettre en difficulté. C’est même lui, dans la dernière ascension, qui a fait parler son explosivité et lâché tous les favoris encore présents, à l’exception de son ombre Vingegaard. Le Danois et la Visma semblaient pourtant avoir un plan. Mettre deux coureurs de la trempe d’un Victor Campenaerts et d’un Simon Yates à l’avant (dernier vainqueur du Giro) était tout sauf anodin.
Placer des hommes devant, c’est bien, mais pouvoir s’appuyer dessus pour faire la différence, c’est mieux. Mais l’équipe néerlandaise, malgré une supériorité numérique intéressante, a manqué son coup. Des attaques de Sepp Kuss, mal coordonnées avec celles de Matteo Jorgenson, n’ont été que des coups d’épée dans l’eau. Au final, Vingegaard n’a pas perdu de temps, mais l’objectif initial, qui était d’en reprendre, n’a pas été atteint. La Visma peut tout de même se consoler avec la belle victoire de l’opportuniste Simon Yates, qui en a profité pour décrocher son 3e bouquet sur la Grande Boucle.

Depuis 1987, l’Irlande n’avait plus connu le jaune
La belle histoire du jour nous vient des verdoyantes contrées d’Irlande. Ou plutôt de l’un de ses illustres ressortissants : Ben Healy ! Ayant déjà réussi son Tour en s’imposant après un impressionnant solo de 42 km lors de la 6e étape, le courageux coureur d’EF Education First est repassé à l’offensive. Cette fois, pour se parer de jaune au bout du compte. Et de quelle manière ! L’équipe de Jonathan Vaughters avait placé des pions pour aider le « rockeur » irlandais dans son entreprise. Une fois ses atouts hors d’usage, il a accompli le reste de la besogne seul. Il a finalement pris la 3e place de l’étape et a ravi le jaune des épaules de Tadej Pogacar pour 29 petites secondes. Il devient le premier Irlandais à porter le maillot jaune… depuis 1987… et un certain Stephen Roche.
Remco mi-figue, mi-raisin
Côté Belges, notre seule chance de briller sur ce genre de terrain repose bien entendu sur Remco Evenepoel. Et bien qu’il soit passé à l’offensive dans la dernière ascension de la journée, celle-ci n’a pas été aussi bonne qu’on aurait pu l’espérer. Il a perdu le maillot blanc au profit de Healy, mais devrait le récupérer durant les prochains jours. Par contre, son attaque manquait clairement de punch, et quand les deux monstres se sont dressés sur les pédales, il n’a pu, malheureusement, que limiter les dégâts. Le débours n’est pas énorme — six secondes — mais le voilà maintenant à une minute, tout rond, de Pogacar. Côté collectif, il est possible de faire l’analogie entre Soudal et Visma, la victoire d’étape en moins. Des hommes à l’avant, mais nous pouvons nous demander pourquoi, puisqu’ils (Paret-Peintre et Van Wilder) n’ont pas été d’une grande utilité.
La journée de repos tombe à pic pour tout le peloton, afin de souffler un peu. Et d’établir peut-être d’autres stratégies en prévision de la haute montagne qui se profile déjà !
CLASSEMENT DE LA 10e ETAPE

CLASSEMENT GENERAL


Photo d’illustration : © A.S.O./Billy Ceusters