Après un début de Tour de France très varié, alternant entre étapes escarpées pour baroudeurs/puncheurs ou étapes de plaine pour sprinteurs, cette 112e édition fait maintenant place à la moyenne montagne. Rien de mieux que le Massif central pour y découvrir un parcours en forme de montagne russe. Au total, 165,3 km pour un dénivelé positif de 4400 m !
Le programme est juste dingue : 7 côtes ou cols de 2e catégorie et un petit « troisième catégorie ». Bref, pas un mètre de plat pour ainsi dire, et une arrivée au sommet d’une côte de 3,3 km à 8 % de moyenne. Tout le monde ne va pas rigoler.

Mais pour les hommes du général, c’est là peut-être que va se dérouler la première bataille, si l’on ne tient pas compte du chrono de Caen remporté par Remco Evenepoel. Il se pourrait que des tendances se dégagent, que certains candidats au top 10, voire au podium, craquent ou bien mettent à profit cette étape redoutée de tous. Malheur est annoncé à celui qui connaîtra une journée sans.
Présentation terminée, penchons-nous plus avant sur le contexte de la course et ce qui pourrait en découler. Différents facteurs sont à prendre en compte par les équipes afin d’établir la stratégie du jour. En premier lieu, l’abandon de João Almeida : leader de rechange et avant-dernier étage de la fusée UAE, le Portugais disparaît peut-être au pire moment pour la bande à Pogi. L’équipe émiratie va devoir se réorganiser rapidement autour de son tyran slovène pour pallier l’absence d’Almeida, qui tenait une forme incroyable après avoir remporté dernièrement le Tour de Suisse.
L’occasion est donc fort belle pour la Visma et Vingegaard pour passer à l’action. Le terrain de jeu le permet. Et surtout, la formation néerlandaise semble vouloir à tout prix mettre l’actuel maillot jaune sous pression quotidiennement. Comptez également que certains membres de l’équipe ont jusqu’ici été invisibles (par choix ?) comme Kuss, Yates et un Van Aert qui semble retrouver de la couleur au bon moment. Vous avez là une équipe sur laquelle il faudra absolument compter. Elle a, par le passé, prouvé qu’elle pouvait faire gagner collectivement un Grand Tour à l’un de ses leaders. Un collectif qui paraît rôdé et une UAE affaiblie, attention, Pogacar sera peut-être en danger.
14 juillet…
Fête nationale française oblige, de nombreux coureurs tricolores voudront embarquer dans la bonne échappée. Pagaille annoncée. Il va être difficile pour UAE de contrôler, en début de course, un peloton qui fera feu de tout bois. Le risque est de retrouver de nombreux équipiers qui pourraient servir de points d’appui plus tard dans la course. On a déjà pointé quelques noms de la Visma, mais on pourrait aussi voir des coureurs d’Arkéa devant pour aider Vauquelin à s’imposer dans une étape qui devrait lui convenir. Lui qui, à l’inverse d’un Vingegaard ou de Remco, sera moins scruté par Pogi.
Enfin, côté Belges, Van Eetvelt sera à tenir à l’œil, tout comme certains équipiers de Remco Evenepoel. Ilan van Wilder a la tête de l’emploi. À l’aise sur les terrains escarpés, bon rouleur, il pourrait être un atout non négligeable si Remco venait à tenter sa chance. Et si nous étions son directeur sportif, il est fort peu probable que nous lui conseillerions d’attaquer dans l’une des nombreuses ascensions. Non, d’un point de vue tactique, il serait préférable pour le champion olympique d’oser sur un faux plat ou encore à la bascule d’une des bosses, au moment où il faut remettre le grand plateau. Un peu comme il l’avait fait en 2022 au sommet de la Redoute… avec le succès que l’on connaît !

Photo d’illustration : © A.S.O./Jonathan Biche