Où va le monde du cyclisme ? À mon humble avis, s’il ne change pas de trajectoire, il file droit dans le mur ! À quel niveau, me direz-vous ? Eh bien, à tous, me semble-t-il. J’ai l’impression que l’ensemble des acteurs de la Petite Reine portent des œillères, comme s’ils refusaient de voir que l’iceberg avait déjà transpercé la coque. Soyons concrets et énumérons ce qui, pour moi, constitue à l’instant ‘ T ‘ les trois grandes problématiques du cyclisme professionnel masculin :
1. Des parcours toujours plus durs, et donc toujours plus stéréotypés
Je m’explique : le parcours du Tour de France est venu confirmer une tendance générale, celle de favoriser certains profils de parcours, et donc indirectement certains types de coureurs. N’en faisons pas mystère : je parle bien entendu de Tadej Pogacar à qui l’on propose sur un plateau d’argent des tracés taillés sur mesure. N’en déplaise aux “pro-Pogi”, le parcours de la Grande Boucle version 2026 confirme cette tendance. Très complet, on voit mal qui, et surtout où, la concurrence pourrait lui faire mal. Du moins, s’il confirme sa présence à Barcelone l’an prochain. La fin de l’édition 2025 a-t-elle déjà été une forme de prémonition pour juillet prochain ? C’est possible.
Rappelons que Pogacar a enchaîné les victoires à Montréal (sur l’un des parcours les plus difficiles de l’année), aux championnats du monde et d’Europe (tous deux présentant des dénivelés impressionnants), et enfin une cinquième victoire consécutive en Lombardie, le Monument des grimpeurs. Là où, il y a encore 15 ou 20 ans, des gabarits tels que Paolo Bettini ou Philippe Gilbert pouvaient s’imposer en puncheurs…
2. Des budgets d’équipe non régulés
Le cyclisme à deux vitesses est déjà une réalité. D’un côté les grosses écuries (UAE, Visma, Ineos, Lidl-Trek, par exemple) capables de s’offrir les meilleurs coureurs du moment, et de l’autre, les petites structures qui tentent de ramasser les miettes et de survivre (demandez à Arkéa-B&B Hotels, qui va disparaître, ou à Intermarché et Lotto qui vont devoir fusionner !).
L’écart entre équipes fortunées et modestes est désormais tel qu’il devient difficile d’ignorer les voix qui s’élèvent pour dénoncer cette situation, que ce soit au sein du peloton ou dans les médias. Certains (comme Alex Baudin, pour ne pas le citer) cristallisent leur frustration autour du personnage archi-dominant qu’est Pogacar. Mais le problème dépasse largement sa personne. Quand on voit qu’UAE approche les 100 victoires, cela démontre le niveau global d’une équipe. Qui plus est quand cette équipe ne dispose pas d’un sprinteur de réputation mondiale qui pourrait encore faire grimper ce nombre (mais dans tous les cas de moins en moins de courses, surtout sur les Grands Tours, se terminent par une arrivée massive).
À mon sens il est temps que l’UCI légifère, non pas sur la hauteur des chaussettes, mais bien davantage sur la sécurité et sur les budgets des équipes. Sans cela, le cyclisme continuera de scier la (fine) branche sur laquelle il est assis.
3. La sécurité des coureurs
Je viens de l’évoquer brièvement : la sécurité des coureurs est aussi une préoccupation majeure. La course aux micro-détails et aux gains marginaux devient folle. Au point que la vitesse moyenne des courses WorldTour a augmenté de deux km/h en à peine deux ans. C’est considérable !
Des vélos toujours plus aérodynamiques, des vêtements toujours plus poussés en matière de recherche, etc., font que le peloton roule encore plus vite. Cela signifie aussi davantage de dangers, quand on connaît l’impact de la vitesse sur les chutes, qu’elles soient massives ou collectives. Sur certains chronos, des coureurs – dont notre Remco national – vont jusqu’à utiliser un plateau unique de 68 dents selon le parcours. Pour celles et ceux qui s’y connaissent un peu en matériel… c’est tout simplement délirant !
Je n’ai qu’une chose à ajouter : Mesdames, Messieurs de l’UCI, il est temps de bouger !
