Au cours des deux championnats qui viennent de se tenir, deux hommes se sont démarqués au niveau élite. Chacun dans son épreuve de prédilection, ils ont décroché l’or : Pogacar sur les courses en ligne et Evenepoel sur les chronos.
Résumer les Mondiaux et les courses européennes à cela revient à occulter une autre vérité : Remco est aussi monté par deux fois sur la boîte lors des épreuves en ligne, derrière le numéro un slovène. Fort de sa confiance à Kigali, il n’a pas hésité à avancer que, s’il n’avait pas connu ses problèmes mécaniques, il aurait pu suivre le champion du monde. Ces paroles n’engagent que lui. Et à dire vrai, nous ne le saurons jamais.

En revanche, en Ardèche, nous avons pu constater que non, Remco n’est pas encore capable de suivre Pogi, ou en tout cas pas une attaque qui dure si longtemps. Parce que oui, il a été le dernier à accompagner l’arc-en-ciel avant de devoir rendre les armes. Plus frustrant encore, derrière le vainqueur du Tour, Remco n’a pas baissé pavillon comme à Kigali. Au contraire, il en avait encore sous la pédale et n’a cessé de lutter.
Dimanche, toujours selon le Brabançon, si entente il y avait eu derrière Pogacar au sein du quatuor formé de Scarroni, Seixas et Ayuso, ils auraient pu reprendre celui qui a finalement conclu un solo de 75 bornes. Mais notre triple champion du monde du CLM était bien trop fort pour ses concurrents qui ne voulaient pas se donner pleinement avec lui. Agacé, le futur coureur de Red Bull a choisi son moment pour démarrer pour leur mettre plus de trois minutes dans la vue… sans jamais vraiment reprendre du temps sur Pogacar.
Comment lutter contre Pogi ?
Et c’est en cela qu’Evenepoel doit trouver la solution : pouvoir suivre celui qui fait de lui le Poulidor des courses d’un jour. Sur le plat, le vainqueur de la Vuelta 2022 rivalise sans problème, voire est meilleur que le coureur d’UAE. Dans les montées, il est un cran en dessous. Mais un petit. Ce sont par contre les attaques, l’explosivité et, à mon sens, la résistance qui font la différence entre les deux. Si son hiver se passe bien, il devra travailler cet élément (la résistance), mais aussi l’explosivité et sa vélocité — tourner un peu plus les jambes en côte ne lui ferait peut-être pas de mal ?
Mais est-ce vraiment à lui de fournir le plus gros des efforts ? Je m’interroge. Nous venons d’assister à des courses avec des dénivelés positifs hallucinants. Des parcours pour grimpeurs, où terminer l’épreuve est déjà digne d’un exploit. Pour rappel, ils étaient 30 à finir au Rwanda et seulement 17 en Ardèche dimanche. N’est-il pas temps que les organisateurs revoient leur copie, afin de proposer des courses qui offrent d’autres scénarios que celui imposé par la loi du plus fort ?
Samedi se tiendra le Tour de Lombardie… Nous devrions retrouver les mêmes protagonistes sur des petits cols… favorables à un coureur, particulièrement. Les deux premières places sont déjà connues, … sauf si Remco nous sort un lapin de son chapeau, histoire de nous redonner espoir pour la saison suivante !
Photo d’illustration : UCI Officiel
