Les jeunes crossmen de talent en Wallonie se comptent au compte-goutte. Si l’année dernière on vous avait présenté le talentueux Jules Mathieux qui continue son petit bonhomme de chemin en cadet 1ère année cette saison, l’opportunité s’est présentée récemment de réaliser l’interview d’un autre wallon prometteur, Thomas Pecriaux, dont l’énorme potentiel ne fait maintenant plus aucun doute.
Tout d’abord, félicitations pour ta première victoire de la saison sur la toute nouvelle épreuve wallone disputée à Thuin. Le cyclisme n’est certainement pas le sport le plus facile. Comment est née chez toi cette passion pour le vélo ?
T.P. : Thomas Pecriaux : Merci, ça fait du bien de gagner en début de saison ! C’est avec mon papa que j ai commencé à rouler. Depuis tout petit il me prenait sur son porte vélo pour faire des ballades et à 4 ans nous avons commencé à faire des sorties. J’ai tout de suite accroché !
Avec un palmarès de champion de Wallonie Bruxelles 3 fois de suite dans les catégories de jeunes, peu de coureurs de ton âge (15 ans) peuvent se vanter d’un tel bilan. Pour ceux qui ne te connaissent pas encore, peux-tu décrire ton profil cycliste ?
T.P. : D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours voulu rouler le mieux possible et le plus vite possible également. Lorsqu’on est petit, on a peur de rien ! Ca m’a permis d’apprendre beaucoup de choses très jeune et quand j’ai commencé la compétition, j’ai compris directement que c’était ce qui une source de motivation. Je suis donc un compétiteur né. L’idée de me surpasser et de me voir progresser est une vraie satisfaction .
Quels sont tes points forts et… sur quoi tu dois encore progresser pour améliorer tes performances ?
T.P. : Je pense que j ai acquis pas mal de compétences techniques au fil des années même si j’ai encore bcp à apprendre, notamment pour les passages dans le sable. Mon explosivité est aussi un plus dans les 2 disciplines que j’exerce (Ndlr : avec le VTT). Je manque peut-être un peu de force, mais je suis jeune, et j’espère encore avoir une belle marge de progression devant moi.
Je pense que tant que je suis heureux de monter sur le vélo, que ce soit à l’entraînement ou en compétition, je suis dans le bon. Je ne sais pas ce que je peux encore mettre en place à mon âge pour être plus performant, je m’entraîne surtout sérieusement.
J’ai une bonne hygiène de vie et je suis plutôt rigoureux dans tout ce que je fais. Je vois bien que certains de mes adversaires en Flandre ont un niveau supérieur au mien… ils ont peut-être un secret lol. Quoi qu’il en soit, je pense que je ne peux rien faire de plus et que mes parents mettent tout en place pour que j évolue dans les meilleures conditions sans pour autant délaisser le côté scolaire et familial.

Il y a une petite particularité te concernant, c’est que tu es actuellement dans un club français. Explique-nous ce choix particulier ? Quelles sont les grandes différences entre l’approche belge et française du cross ?
T.P. : La raison principale est que nous sommes des frontaliers… et j’ai aussi 3 frères. D’un point de vue logistique, c’était le plus simple et le plus logique. D’autant plus que le site du Watissart se prête vraiment bien aux apprentissages et que le club de Jeumont correspond vraiment à mes attentes.
On a une belle ambiance et Florian Trigo, le coach du club, est vraiment doué et sympa. C’est là que j’ai commencé mes premiers cours. Je suis ensuite revenu dans des clubs belges mais le retour aux sources il y a 2 ans m’a fait le plus grand bien.
Le 19 octobre, tu vas participer au Super Prestige de Ruddervoorde. La saison passée en Cadet première année, tu avais déjà terminé à une superbe 10e place. Quelles sont tes ambitions cette année ?
T.P. : Le top serait un top 5. Je pense que c’est jouable, il y a un niveau très dense et assez homogène chez les 2010, et il y a d incroyables talents chez mes collègues flamands mais je pense que je peux accrocher ce haut niveau suite à mes premières courses de la saison.
Etant affilié dans un club français, tu as aussi l’opportunité de courir dans l’hexagone. As-tu aussi un objectif que tu aimerais atteindre en terres françaises ?
T.P. : Je n’ai plus l’opportunité de défendre mon statut de Wallon a cause des règlements belges malheureusement, mais mon statut actuel me permet de participer aux championnats régionaux et départementaux en France ! J’ai déjà décroché un des maillots l’an passé en cadet 1ere année (en France les 2 catégories ne sont pas séparées), et j espère faire encore mieux cette année et être champion des Hauts de France.
Après ta saison en cadets 2e année, tu vas certainement vouloir passer un cap l’année prochaine. Sais-tu déjà où tu souhaites faire tes gammes chez les juniors ? Rester en France où la formation est très bonne également ?
T.P. : C’est un choix compliqué. La France a vraiment été très accueillante avec moi, je m’ y sens bien. Le niveau en VTT est excellent et le cyclo-cross dans les catégories jeunes n’a rien à nous envier. Que je roule en Belgique ou en France, je me retrouve toujours face a des solides adversaires.
D’un autre côté, défendre les couleurs de mon pays est assez important pour moi aussi, j’aimerai beaucoup faire partie des sélections nationales a l’avenir et pour cela je pense que je devrai revenir en Belgique, car depuis que je suis affilié dans un club français, j ai le sentiment que des portes se ferment pour moi en Belgique. C’est vraiment dommage. Les règles sont mal faites et devraient évoluer en fonction de la situation géographique notamment… quelle que soit la fédération à laquelle je suis affilié, je suis avant tout un coureur belge et wallon. Je prendrai cette décision le moment venu, pour le moment je profite de cette dernière année en cadets pour explorer tout ce qui s offre à moi.

Photo : Famille Pecriaux
Les cyclo-crossmen en Wallonie qui courent à un niveau plus ou moins professionnel se comptent sur les doigts de la main. Reçois-tu des conseils avisés de coureurs confirmés comme Clément Horny ou Antoine Jamin ?
T.P. : Oui bien sur, ma famille est proche de celle de Clément depuis plusieurs années et il est un des premiers vers qui je me tourne quand j’ai besoin d un conseil sportif ou mécanique. Tout petit je l’avais vu rouler et j’avais déjà été impressionné. Quelques années plus tard il est entré dans ma vie! Le hasard fait bien les choses car il est LA référence en Wallonie dans les 2 disciplines. Son emploi du temps ne nous permet pas de passer beaucoup de temps ensemble mais je l’accompagne régulièrement dans ses déplacements pendant la saison de cross et des qu’il a un peu de temps libre, on essaie de faire une sortie ensemble. La plus belle reste celle de l’année dernière pour notre entraînement dans le sable.
Pour l’instant, tu te concentres uniquement sur le cyclo-cross et le VTT, la route ne t’attire pas ?
T.P. : Hahaha, la question a 1000 euros. Si ca ne tenait qu’à moi, j’en ferai déjà ! J’ai vraiment envie de me tester dans cette discipline pour voir où je me situe. C’est compliqué de faire les bons choix, savoir ne pas dépasser la limite du « trop »… je suis occupé d essayer de convaincre mes parents pour en faire dès la prochaine saison. Je suis conscient que ce ne sera pas simple avec le calendrier de VTT et les dépenses supplémentaires que cela implique mais j’ai vraiment envie de tenter le coup.
Beaucoup de gens me conseillent dans ce sens pour avoir une meilleure visibilité et je pense en effet que le cross est souvent associé à la route. Je pense quand même que le VTT m’apporte beaucoup en cyclo-cross… il n y a qu’en me testant dans cette discipline que je pourrai faire un choix conscient… mais il sera très compliqué !
Tu es aussi très bien encadré par tes parents. Je pense que ton papa est un sportif confirmé. Peux-tu nous en dire plus à ce sujet ?
Mon papa n’a pas du tout l’esprit de compétition mais il a toujours été sportif. Il a fait du foot, du tennis et, depuis de nombreuses années il roule en vtt et en route pour le plaisir et la forme lol. Pendant longtemps il m’a accompagné pour mes entraînements, pour me mettre a l’abri du vent etc… on essaie encore de sortir ensemble au moins une fois par semaine mais maintenant c’est moi qui le tire lol ! Quand mon calendrier le permet nous faisons aussi des randonnées Vtt. Ce sont des moments privilégiés auxquels je tiens beaucoup.
Tu as forcément des rêves plein la tête. Tu rêves sans doute un jour de devenir professionnel ?
T.P. : Quelle course de cyclo-cross aimerais-tu accrocher à ton palmarès si tu devenais un jour coureur chez les élites ? (Namur, Herentals, Zonhoven?)
C’est mon objectif numéro de gagner de belles courses et même si je suis conscient qu’il y a peu de places dans la discipline, je ferai tout pour y arriver. Mes parents me soutiennent vraiment dans ce sens. C’est énormément de sacrifices mais comme je suis sérieux dans mes études et ma discipline, ils ont décidé de me suivre dans mon rêve.
C’est très prenant de vouloir être sportif de haut niveau, et même si je n’ai pas la vie normale d’un ado de 15 ans, je m’éclate vraiment dans le vélo. Ca m’est égal de ne pas sortir ou profiter de certaines choses, je suis habitué à ce mode de vie et ce n’est pas quelque chose de contraignant pour moi. Excepté parfois pour l’alimentation lol. J’ai des objectifs à court terme mais en cyclo-cross mon objectif ultime est une sélection pour le championnat du monde de Namur en 2030 si mon niveau le justifie.
Je suppose que tu as des posters de cyclistes dans ta chambre… Qui sont les coureurs de cross que tu supportes ? Est-ce que tu suis les courses quand elles sont retransmises ?
T.P. : Difficile de choisir car beaucoup ont du talent et sont des exemples : Wout, Eli, Thibau ,… mais depuis que je suis petit c’est Tom Pidcock mon idole ! C’est vraiment un athlète complet, on voit qu’il en veut et il est proche de ses supporters. J’apprécie également Cameron Mason depuis quelques années, et forcement Clément Horny qui est le seul représentant wallon chez les élites !
Les courses à la tv, c’est la base ! Je profite de mes heures de repos pour apprendre en regardant les catégories supérieures rouler. La tv quand elle est allumée ne tourne que sur les chaînes sportives, je ne rate pas une course ou compétition cycliste quelle que soit la discipline et je suis également beaucoup d’autres sports, a la tv et sur les réseaux.
Termine cette phrase : ma saison de cyclo-cross sera réussie si je … …
T.P. : … fais un top 5 au championnat de Belgique et si je suis approché par une équipe de développement !
Merci Thomas pour le temps passé avec nous, on te souhaite encore de belles choses pour la saison de cross qui vient à peine de commencer, un dernier petit mot pour nos lecteurs ?
T.P. : Merci beaucoup, j’espère donner une belle image de la Wallonie à toute la Belgique pendant cette saison, tout en continuant à m’éclater sur mon vélo et à vivre cette aventure avec mes amis, mes frères et mes parents !

