La communauté cycliste est en deuil ce 1er septembre 2025 : Walter Godefroot, légende belge du cyclisme, est décédé à l’âge de 82 ans des suites de la maladie de Parkinson. Figure emblématique des classiques flandriennes et ancien directeur sportif de renom, Godefroot laisse derrière lui un héritage immense…
UNE CARRIÈRE DE CHAMPION : DU PAVÉ AUX CHAMPS-ÉLYSÉES

Né à Gand en 1943, Walter Godefroot a marqué son époque par sa puissance et son endurance. Vainqueur de quatre Monuments — Liège-Bastogne-Liège (1967), Paris-Roubaix (1969) et le Tour des Flandres (1968 et 1978) — il fut l’un des rares coureurs à rivaliser avec le grand Eddy Merckx. Son palmarès inclut également :
- 10 victoires d’étape sur le Tour de France, dont la première arrivée historique sur les Champs-Élysées en 1975, la 8e étape du Giro d’Italia 1970 et les 7e et 8e étapes de la Vuelta España 1971
- Le maillot vert du Tour de France en 1970.
- Deux titres de champion de Belgique sur route (1965 et 1972).
- Médaillé de bronze de la course en ligne des Jeux Olympiques de Tokyo 1964
Surnommé « De Vlaamse Bulldog » pour son style combatif et son physique trapu, Godefroot incarnait l’essence même du Flandrien : robuste, déterminé et intraitable sur les pavés. Lors de la dernière édition du Tour de France par équipes nationales (1968), Godefroot battra Jan Janssen au sprint sur le vélodrome de Roubaix, le même Janssen qui gagnera le Tour.

LE RIVAL D’EDDY MERCKX : UNE PLACE UNIQUE DANS L’HISTOIRE
Godefroot fut l’un des seuls coureurs à défier Merckx dans des duels directs. Comme le rapporte Graham Jones dans Capovelo :
« Walter Godefroot est le seul de mes adversaires que je n’ai jamais battu dans un combat direct pour la victoire »
Cette citation d’Eddy Merckx résume à elle seule le statut de Godefroot : un compétiteur redoutable qui a su tenir tête au « Cannibale » à plusieurs reprises, notamment en s’imposant devant lui sur Paris-Roubaix 1969 et Liège-Bastogne-Liège 1967.

DIRECTEUR SPORTIF : ARCHITECTE DE LÉGENDES
Après sa carrière de coureur, Godefroot a brillamment transitionné vers le rôle de directeur sportif. Il a dirigé des équipes prestigieuses comme T-Mobile, Astana ou Deutsche Telekom formant des champions tels que Jan Ullrich et Bjarne Riis (vainqueurs du Tour de France 1996 et 1997). Bien que entachée par des révélations de dopage ultérieures (Riis et Zabel ont avoué avoir utilisé de l’EPO en 1996), son influence sur le cyclisme moderne reste indéniable.
L’HOMME DERRIÈRE LE CHAMPION : HUMILITÉ ET PASSION

Au-delà des résultats, Godefroot était connu pour son caractère réservé et son amour du cyclisme. En 1981, il ouvrit un magasin de vélos à Deurle avec son épouse et malgré sa retraite sportive, il restait une figure respectée, évitant les projecteurs mais continuant à inspirer les nouvelles générations.
UN ADIEU À UN GÉANT
La disparition de Walter Godefroot survient alors que le cyclisme belge vit une nouvelle ère avec des champions comme Remco Evenepoel, Arnaud De Lie ou encore Jarno Widar. Godefroot appartenait à une génération de géants qui ont bâti la légende des classiques flandriennes. Son nom restera gravé aux côtés de ceux de Merckx, De Vlaeminck et Maertens. Le bulldog s’est endormi, mais son empreinte restera sur les chemins de Flandre.

