‘ Hello OLi, je suis en voiture, je vais chercher mon nouveau petit chien. J’ai une heure de route, j’ai donc du temps à te consacrer pour l’interview ‘ … C’est ainsi que Marion a entamé la conversation. Dispo, sympa, sincère, égale à elle-même pour cette nouvelle entrevue avec Velonews !
FLASH-BACK – Marion, que retiens-tu de la saison précédente ?
Marion : Comme ce fût dit lors de la présentation de l’équipe, je suis la fille qui a eu le plus de victoires (Ndlr : 3 ! Zolder, Essen et Loenhout ). Se rajoutent à ces victoires 6 top 5 (dont un podium à Niel en Super Prestige) et une 11e place au classement final de la Coupe du Monde. Mais c’est clair pour moi que le titre de Championne de Belgique est le point culminant de ma saison. Et l’objectif principal de ces dernières années enfin atteint !
MAILLOT NOIR-JAUNE-ROUGE – Une fierté d’enfin le porter ?
M : C’est véritablement un boost de leur porter, une fierté effectivement ! Je n’y vois que du positif. Je suis évidemment plus aisément reconnaissable et même suivie. Je constate que les caméras feront un ralenti, par exemple, si je suis victime d’un incident mécanique en course. Le titre m ‘a valu également d avoir reportage tant sur Sporza qu’à la RTBF. C’est très chouette. Dans mon quotidien et dans ma vie privée, ça ne change rien, … mais dans le monde du vélo, porter un maillot distinctif c’est vraiment cool en fait !

LA ROUTE – Un nouvel objectif dans ta carrière ?
M : Après avoir coupé pendant pratiquement 20 jours après la saison de cross, je suis remontée sur mon vélo en mars. Je prends de plus en plus de plaisir sur la route et ce boulot d’équipière me convient et me plaît bien. La cerise sur le gâteau fût ma victoire en Tchéquie, ma première victoire UCI !
Pour la petite histoire, sur cette course, j ai été lâchée à tous les tours dans la bosse et je rentrais sur le replat. Je m’entends encore me dire : » je dois prendre le dernier virage à 200m de la ligne en première place ! ». Et d’ailleurs le sens de la trajectoire en cyclo-cross m’a bien aidé pour cela. Ceci-dit, je n ai pas eu beaucoup de jours de course mais ça m’a permis de travailler sur d’autres aspects grâce au physio Jeroen Braeckvelt : on travaille tout ce qui est « à côté du vélo » comme le renforcement musculaire par exemple.
Je m’étais mis un objectif sur les chronos également, mais j’avoue que ma moins bonne performance (6e) au dernier championnat de Belgique m’a fait réfléchir quant à moins me focaliser sur cette discipline au profit du Gravel. Par contre, je me rends bien compte qu’un bon programme sur route est nécessaire pour passer un cap et donc pour performer l’hiver dans les labourées, Lucinda Brand en est le meilleur exemple ! Ce sera un point de discussion lors de la reconduction de mon contrat qui se termine en 2026 : Passer de la Conti à la World tour et ainsi pouvoir étoffer mon programme, participer à une Vuelta ou un Giro, tout en gardant aussi l’espoir de redécouvrir un jour Paris Roubaix…
Je le redis, je me sens super bien dans la Team des frères Roodhooft. Ils mettent tellement de choses à notre disposition. On ne doit penser qu’à rouler et se préparer au mieux.

Photo : © Gracia Orlova
PRÉPA SAISON 2025-2026 – Dans quel état d’esprit ?
M : Elle fût perturbée ma prépa ! Fin août – début septembre, j’ai dû m’arrêter pendant une semaine suite à une blessure à la selle. C’était nécessaire pour que je me soigne correctement, sinon je risquais de rater une bonne partie de ma saison. Sur le coup, j’ai évidemment râlé mais j’ai vite relativisé en voyant les malheurs de coureuses telles que Ceylin et Annemarie (Ndlr : Alvarado a eu des soucis au genou et Worst a été opérée suite à une fracture de la clavicule).
Je bosse par ailleurs très bien sous la houlette de mon coach Philippe Walsbelen. Actuellement 2x par semaine, on est à Lichtaart sur le circuit permanent. Je commence seulement à travailler l’intensité. Cela s’est vu lors de ma reprise à Meulebeke, il me manque encore quelques pourcents, mais la saison est longue…
C’était une bonne reprise pour y retrouver ses marques au niveau timing, rythme, technique et tester le nouveau matériel (Ekoi est notre nouveau partenaire pour casque et lunettes entre autres).
DEPART-REMONTADA – le point faible à améliorer ?
M : C’est un sujet qui fâche, … un sujet qui fait du bien donc ! Tu n’imagines pas les crises d’angoisse ou de stress que j’ai subies. Ça me hantait véritablement, quitte à ne pas savoir manger le jour de course… Il m’est arrivé de dire à ma maman, lorsque j’étais dans la chambre d’appel, donc quelques minutes avant le start, que je n’avais pas envie de démarrer, tellement j’étais bloquée par des crises de stress.
Je travaille donc beaucoup avec avec une coach tout le côté mental, et cela m’aide énormément ! On y travaille ce point précis ainsi qu’un focus pour rester régulière durant toute la saison. En tout cas, je sais que je suis capable de prendre de bons départs, je sais que je peux le faire et je suis vraiment motivée de le montrer à tout le monde.
Pour ce qui est des remontadas, je suis quelqu’un d’endurante, c’est mon point fort. Je suis capable de rouler à une très forte puissance longtemps à la différence de certaines filles qui sont plus explosives dans les premiers tours. Mais moi je suis toujours mieux dans les fins de course. On dit souvent en rigolant que je suis un bon diesel et c’est pas faux. À cet égard, la meilleure de toutes pour ça c’est Lucinda Brand ; tu n’imagines même pas la vitesse qu’elle a en fin de course. Elle est vraiment impressionnante.

OBJECTIFS – sont-ils clairement définis ?
M : On ne va pas se le cacher : reconduire mon titre de championne de Belgique ! Et donc conserver ce beau maillot tricolore, c’est le 1er objectif (Ndlr : à Beringen). Hormis cela, faire un podium sur une manche de la coupe du monde, c’est quelque chose qui me tient véritablement à cœur. Et comme je l’ai dit lors de la présentation de l’équipe : me rapprocher le plus souvent possible du top 5 à chaque course et donc une régularité durant toute la saison. Par contre, je ne mets pas un objectif chiffré de victoires.
CIRCUIT FAVORI – ton terrain de jeu préféré ?
M : Hulst ! C’est un parcours magnifique ! C’est complet, des dévers, de grandes descentes, du plat, du technique, de la course à pieds,… Mais outre un circuit favori, personnellement ce sont d’abord les conditions météorologiques du jour qui m’importent : donne-moi de la pluie, du vent et de la boue et je suis la plus heureuse !
NIVEAU FÉMININ – en constante augmentation ?
M : Oui ! D’année en année le niveau augmente. La concurrence est de plus en plus solide. On peut même dire qu’il y a une bataille de « générations » : tu as le groupe des Brand, Vos Betsema, puis le mien comprenant les Van der Heyden, Alvarado ou Van Alphen ensuite le trio Van Empel, Pieterse et Van Aanrooij et tu y rajoutes ensuite les Backsted, Fergusson et autres Holmgren et je n’oublie pas le Vas et autre Schreiber. C’est une excellente chose pour le cyclo-cross féminin parce que les courses sont très souvent plus passionnantes et indécises.
Merci Marion pour le temps passé avec nous pour cette interview. C’est évidemment avec plaisir que nous continuerons à te suivre durant cet hiver. On se dit d’ailleurs rendez-vous à Overijse pour saluer ta maman et… faire connaissance avec ton petit chien !
(Interview réalisée par OLi Lambert via téléphone)

Photo d’illustration : © Jean-Michel Clatot
