Oui, je sais, j’ai déjà utilisé ce titre il y a quelques semaines dans un édito précédent. Mais la question demeure. Je me demande vraiment ce qui ne tourne pas rond à l’heure actuelle dans le monde de la Petite Reine. Je fais bien entendu référence à la rumeur qu’avait lancé Tim Merlier sur la création d’une montagne artificielle à Abou Dabi pour les championnats du monde qui s’y dérouleront en 2028.
Dans l’édito éponyme, dans sa première version, je pointais déjà la disparition inquiétante des parcours pour sprinteurs. Cette information confirme la tendance actuelle. Du côté de Merlier, c’est l’inquiétude : » chaque génération de sprinteurs devrait avoir au moins une vraie chance au mondial. Je crains que ce ne soit jamais mon cas « , relate l’homme le plus rapide du peloton en 2025 auprès de nos confrère de Domestique.
L’ARGENT REND FOU ET FAIT LOI
Dans mon précédent édito, j’avais également pointé l’argent comme un des aspects délirants qui gagne le monde du cyclisme. Je fais le même constat. La raison cette fois ? Des épreuves professionnelles disparaissent faute d’argent, comme vient de l’annoncer l’organisateur du Tour de Norvège, tandis que d’autres ne savent plus quoi inventer pour le dépenser. En effet, c’est effarant qu’en plein milieu du désert, des hommes se sont dit qu’ils allaient ériger une montagne et des collines. Le but ? J’imagine favoriser les desseins d’un Tadej Pogacar dans sa quête d’un énième titre mondial ?! N’oublions pas qu’Abu Dabi fait partie des Emirats Arabes Unis, soit l’actionnaire principal de l’écurie du Slovène.
Marca, journal sportif espagnol de référence, a mené sa petite enquête : en 2023, il était question d’une ascension de 1,4 km présentant une pente maximale de 9 %. Selon le quotidien ibérique, cette structure artificielle pourrait, d’ici 2028, s’étendre sur 3,8 km, avec un passage final de 250 mètres culminant à 13 %. Le journal précise également qu’un autre projet d’envergure serait en cours sur l’île Hudayriyat, où certaines rampes atteindraient les 10 %.
CONTROVERSE ÉCOLOGIQUE
Cette initiative suscite de vives réactions dans le milieu. Le patron de Groupama-FDJ, Marc Madiot, s’est exprimé sur RMC : « je ne suis pas un ayatollah de l’écologie mais il y a quand même des bases et des règles élémentaires à respecter. Qu’il y ait un championnat du monde là-bas, pourquoi pas. Mais si on en arrive à ce type de situation, c’est dramatique pour notre sport, et indirectement pour les autres. »
Comment lui donner tord ? Entre la mauvaise habitude que prennent les organisateurs à rendre les parcours toujours plus durs et maintenant « ça »…il y a de quoi vraiment se poser des questions sur l’état de « santé mentale » des acteurs du cyclisme moderne. Notamment de l’UCI, l’instance dirigeante, que l’on n’a jusqu’ici pas entendu sur cette hérésie écologique et financière ! L’encéphalogramme enregistre-t-il encore une activité là haut ?
