Larguer les amarres et mettre les voiles, c’est ce qu’a fait Julian Alaphilippe en mettant un terme à son aventure de 11 ans avec les formations de son employeur Patrick Lefevere à la fin de la saison. Il faut dire que c’était dans l’air car depuis plusieurs saisons, « Loulou » ne prestait plus au niveau qui fût le sien. Un niveau qui l’a vu remporter de grandes courses, que ce soit dans les Classiques ou sur les Grands Tours.
QUELLES CONSEQUENCES POUR L’EQUIPE ?
Mais la question se pose : quelles seront les incidences sur le Wolfpack et son leader Remco Evenepoel ? Julian Alaphilippe, c’est avant tout un style de coureur qui ne laisse personne insensible : un panache, une explosivité, une pointe de vitesse et une rage de vaincre que beaucoup ont apprécié depuis ses débuts professionnels. Julian Alaphilippe a été la tête de proue du navire Quick-Step pendant de nombreuses années.
Pour résumer, il est celui qui a fait la transition entre l’époque Boonen et celle d’Evenepoel au sein de la structure belge. Des succès à la pelle durant ses meilleures années avec pas moins de 8 étapes sur les Grands Tours, un maillot distinctif (meilleur grimpeur du Tour en 2019), une 5e place au Tour après s’être longtemps paré de jaune.
Mais son terrain de chasse de prédilection a été les courses d’un jour avec des succès à Milan-San Remo (son seul Monument), 1 au Strade Bianche, 1 Clasicà San Sebastian, 3 succès à la Flèche wallonne en haut du Mur de Huy et surtout 2 victoires aux championnats du monde ! Un coureur comme celui-là prend évidemment énormément de place dans un effectif habitué à gagner, voire triompher ! Une polyvalence doublée de charisme Son départ va donc laisser un vide, c’est incontestable ! Déjà par l’expérience qu’il amenait en raison de ses 32 printemps.
UN CHANGEMENT DE PHILOSOPHIE
Tactiquement cela va obliger les directeurs sportifs de l’équipe à revoir leur copie puisque le Français pouvait très bien jouer l’offensive ou s’imposer au sprint dans un petit groupe. Sa polyvalence va également manquer ! Nous l’avions déjà vu tant leader sur les Ardennaises que sur les Flandriennes. C’est donc une fameuse carte en moins et qui, à l’heure actuelle n’est pas encore remplacée. Alors certes Remco peut s’imposer sur les ardennaises, lui qui a déjà scoré à deux reprises sur la Doyenne, mais dans les Flandres qui pourra reprendre le flambeau ? Lefevere voudrait tester le récent double champion olympique sur les pavés, mais si rien ne dit qu’il ne peut y arriver, c’est déjà alourdir un calendrier bien chargé pour Remco qui vise aussi les courses d’une et de trois semaines.
Aussi, Soudal-Quick Step perd l’un des loups qui soudaient l’équipe par sa bonne humeur et son charisme. La cohésion était donc renforcée, plus encore quand on connait le sens du collectif du natif de Saint-Amand-Montrond ! Même avec le maillot arc-en-ciel sur le dos, nous l’avions vu réaliser un précieux travail pour Remco Evenepoel qui allait remporter la Vuelta.
ASPECTS FINANCIERS ET RECRUTEMENTS
Seule partie de ciel bleu dans cette grisaille, c’est l’aspect pécunier qui pourrait « soulager » les finances de l’équipe. Avec un salaire annuel variant selon les sources entre 2,2 et 2,3 millions d’euros, il pesait lourd sur l’ardoise du roadster de Soudal. Son départ va donc pouvoir dégager un certain montant pour recruter et renforcer le Wolfpack. Reste à voir où sera mis l’accent. Le choix des décideurs va-t-il balancer vers un recrutement tourné autour de Remco Evenepoel et ses envies de classements généraux ? Ou bien, les bleus et blancs vont-ils essayer de renforcer l’équipe pour les flandriennes pour retrouver son ADN d’antan (Dries van Gestel a déjà signé) ? Réponse dans les prochaines semaines avec la multiplication des annonces de transferts…
Photo d’illustration : Jean-Philippe Rivrain