Auteur de belles prestations la saison dernière avec l’équipe Crabbe-Chevigny, le natif d’Eupen a visiblement tapé dans l’oeil de Kevin van Melsen. Rencontre avec un jeune coureur wallon dont le rêve ultime est de devenir coureur professionnel.
Tu officiais la saison passée au sein de l’équipe Crabbe-Chevigny. Explique-nous pourquoi avoir choisi l’équipe Wanty-ReUz-Technord ?
Kevin Van Melsen – (qui porte le projet de la Devo au sein de l’équipe Intermarche Wanty ) – m’a contacté au lendemain du Tour des Flandres Juniors pour me présenter son projet et comment il imaginait ma place dans celui-ci. J’ai apprécié son approche et son état d’esprit. Il sait ce qu’il veut et il sait ce qu’il fait. On sent qu’il était encore Pro en World Tour en 2022, ça lui donne forcement énormément de crédits. J’avais aussi une bonne image de l’équipe Wolrd Tour, de ce qu’ils arrivent à faire à ce niveau-là avec leur budget. Il y a une forme d’efficacité qui me parle. Et puis, qui se ressemble s’assemble, Kevin a su s’entourer d’un staff avec un état d’esprit similaire, pas d’esbroufe, mais du concret et de la bienveillance. Un chouette staff, c’est aussi très important pour moi. Chez Chevigny, on avait toujours un super staff qui nous accompagnait sur les courses. Outre l’aspect pratique, c’est un plus de pouvoir rire et se sentir bien avec le staff. Ça contribue à la performance. Jusqu’à présent tout confirme que j’ai fait le bon choix.
Comment est née cette passion pour le vélo chez toi ? Est-ce un membre de ta famille ou des amis qui t’ont refilé le virus ?
Aaaah elle est née très tôt cette passion, avant même ma naissance. Ma maman arpentait des trails VTT en Autriche en tandem avec mon papa et ce, à 3 mois de ma naissance. Autant dire que j’ai attrapé le virus avant même de voir le jour.
Tu es un coureur qui a plusieurs cordes à son arc et qui peut évoluer sur différents types de terrain : 2e du très redouté Triptyque ardennais, 15e du Tour des Flandres juniors et 20e de Liège-Bastogne-Liège. Quel style de coureur voudrais-tu devenir dans un futur proche ?
Pour l’instant, je me sens très bien dans les secteurs très pentus. Donc dans l’immédiat, j’espère performer dans les courses en montagne. Ma 6ème place à la Classique des Alpes ou ma victoire au Gp Patton au Luxembourg m’ont ouvert l’appétit pour les courses au relief accidenté ainsi que pour les cols. Depuis cet hiver, j’ai commencé à travailler ma force pour aussi ouvrir mon registre aux courses où ça se joue dans des secteurs plats et faux-plats montants et ainsi pouvoir tirer mon épingle du jeu entre les monts dans les Flandriennes par exemple dont les bergs sont à mon avantage également. Pour résumer, j’espère devenir « grimpeur-puncheur ».
Quels sont tes objectifs prioritaires pour cette année ? Kevin Van Melsen a-t-il déjà concocté un programme pour toi ?
Kevin et Christophe (Prémont), le préparateur, m’ont présenté les grandes lignes de ma première saison espoir lors de notre dernier stage en Espagne début février. Je devrais atteindre un premier pic de forme pour les ardennaises (Circuit des Ardennes, Flèche ardennaise, LBL et Triptyque ardennais) du printemps et un second pic en août avec le Val d’Aoste en point de mire. À ce stade, il est difficile de fixer des objectifs précis mais avec la dynamique qu’il y a dans l’équipe, il est clair que je veux bien faire et marquer les esprits.

Le VTT est aussi une discipline où tu as obtenu de bons résultats, notamment une 7e place aux championnats de Belgique et une victoire à « La Hallonienne ». Est-ce prévu de continuer à faire quelques courses ou bien la priorité est définitivement axée sur la route ?
Même si le VTT est très important pour la qualité de mon développement, je donne priorité à la route cette année. Il y aura à coup sûr des plages dans ma préparation qui permettront certainement d’enfourcher le VTT en courses, marathon ou cross-country. Mais rien n’est encore arrêté pour le moment à ce niveau.
Fan de VTT et maintenant faisant partie de la structure élargie d’Intermarché-Wanty qui possède également une équipe pro de cyclo-cross, serait-ce possible de te voir « crosser » l’hiver prochain avec les espoirs ?
Ce n’est pas faute de l’avoir demandé mais mon papa ne veut pas ! En octobre, en fin de saison, il ne faut plus lui parler de courses et de déplacements, il a son compte. Blague à part, j’ai encore de nombreux paliers à franchir et ça passera par un gros travail hivernal incompatible avec la saison de cross. En tout cas pour le moment,… qui sait plus tard ?
Il y avait énormément de talents l’année dernière chez Crabbe-Chevigny, quel est le coureur le plus talentueux avec qui tu as couru ?
Je n’aime pas trop parler de talent. Il ne faut jamais oublier que les résultats sont souvent le fruit d’un gros volume de travail. Et forcement, chez Chevigny, l’an passé, on avait un sacré coureur en la personne de Jarno Widar. Son palmarès en juniors en dit long sur son niveau. Et quand on voit certains de ses KOM, il est certain qu’il va être performant assez vite et qu’il ne va pas traîner longtemps chez les espoirs. Sur des courses comme LBL pro, je ne serais même pas étonné de le voir rivaliser avec les pros, voire les meilleurs.
Si un jour tu passes professionnel, quelle est la course que tu rêverais de gagner ?
Je pense que le Tour de France fait rêver tous les jeunes. Liège-Bastogne-Liège passe sur mes routes d’entraînement donc évidemment ça fait rêver aussi. Mais bon tous les monuments et grands tours font rêver.

Ton frère Samuel est aussi un amoureux du vélo puisqu’il va commencer sa deuxième année chez les cadets. Alors le frangin, plus fort que son aîné ? (rires)
Certainement aussi passionné et investi ! Pour l’instant, nous sommes à des âges où il est impossible de se comparer. En tout cas, il a déjà une belle explosivité et se montre très volontaire.
A toi de terminer l’interview en complétant cette phrase : Ma saison 2024 sera réussie si … j’arrive à me montrer à mon avantage sur les parcours que j’affectionne.
(Interview réalisée par Olivier Gilis)