Hélène Hesters est une jeune cycliste de 19 ans originaire de Gand qui officie sur piste et sur route. Mais surprise, surprise, le vélo n’a pas toujours été son sport favori ! Contrairement à beaucoup d’autres cyclistes, vous ne trouverez pas de jolies photos d’Hélène sur son vélo de course avant son adolescence. En effet, Hélène n’a commencé le cyclisme qu’en 2020 : les années précédentes, elle pratiquait… l’acrogym.
Peu de temps après son changement de sport, elle a rejoint la Topsportschool de Gand où elle a eu l’opportunité de se perfectionner en tant que cycliste sur piste. Quatre ans après ses débuts elle a déjà remporté plusieurs médailles lors de championnats (Junior et U23). Elle est notamment devenue deux fois championne de Belgique sur route chez les juniors. Sur piste elle a remporté deux titres de championne d’Europe juniors, le premier sur l’omnium et le second à l’élimination ! Cerise sur le gâteau elle a même pris part aux derniers Jeux Olympiques en l’absence de Shari Bossuyt.
Si vous ne connaissiez pas encore Hélène, mais que son nom vous dit quelque chose, c’est probablement parce que vous connaissez son frère, Jules Hesters, actif dans le cyclisme sur piste depuis un peu plus longtemps ! Frère et soeur réunis autour de la même passion pour le cyclisme est quelque chose de spécial de mon point de vue. J’imagine que partager l’expérience sportive avec quelqu’un d’aussi proche crée naturellement un lien particulier, comme de fêter l’anniversaire du frangin durant la Track Champions League :
Sans oublier la fois où Jules a réagi sous le choc après avoir vu sa sœur chuter lors du TCL,… Ces exemples montrent à quel point leur lien est fort.
Les deux vidéos proviennent de GCN+/Eurosport
INTERVIEW
Q : Bonjour Hélène, première question pour planter un peu le décors. Tu es passée de l’acrogym au cyclisme pendant la pandémie de COVID. Comment est née cette décision ? Était-ce quelque chose auquel tu avais déjà pensé auparavant ?
H : Quand j’étais gymnaste, je regardais les courses de mon frère, mais le cyclisme ne m’a jamais attiré plus que ça. Ca me paraissait ennuyeux ! Mais pendant le COVID, Jules m’a dit : « Allez, allons faire du vélo ensemble », et il m’a même acheté mon premier vélo. C’est comme ça que tout a commencé.
Q : Le cyclisme sur piste et l’acrogym semblent être des mondes totalement différents. Comment s’est passé le changement ? À quels défis as-tu été confrontée ?
H : En acrogym il y avait des horaires d’entraînement imposés et un côté social plus marqué puisque nous nous entraînions ensemble. Mais avec le cyclisme, je m’entraîne souvent seul et c’est à moi de me motiver pour les entraînements. Il a fallu un certain temps pour m’y habituer.

Q : Peu après ton entrée dans le monde cycliste, tu as rapidement été qualifiée de talent en devenir en remportant des titres européens en tant que junior. As-tu ressenti une certaine pression s’installer ?
H : Pas vraiment. Je sais que j’ai beaucoup de marge de progression et que les résultats juniors ne peuvent pas être comparés au niveau élite. Cette année était d’ailleurs significative à ce sujet. En outre la soi-disant « pression » me pousse à continuer de faire de mon mieux.
Q : Avec la suspension de Shari Bossuyt, tu as eu la chance de rejoindre les rangs élites sur piste plus tôt que prévu, en participant aux Championnats du monde et aux Jeux olympiques. Est-ce que c’était le bon moment pour toi ou bien est-ce arrivé un peu trop tôt ?
H : C’était un grand pas, mais il fallait que je le franchisse. C’était une opportunité unique. Participer aux Championnats du Monde à Glasgow, puis aux Jeux olympiques à 19 ans, ce n’est pas une expérience banale destinée à tout le monde. Mais peut-être que le programme chargé avec l’Euro à Anadia, les Mondiaux Elite, puis les Mondiaux Juniors en Colombie c’était un peu trop quand même !
Q : Comme Jolien D’hoore et Lotte Kopecky, tu cours à la fois sur piste et sur route. Est-ce que cela a toujours été le plan initial ? Qu’est-ce que ça fait de rouler dans l’ombre de Lotte Kopecky ?
H : Oui, j’ai toujours eu l’intention de combiner les deux car la piste seule ne suffit pas pour faire carrière en Belgique. Le cyclisme sur route me rend plus forte sur piste, et vice versa. Lotte est à la fois un modèle et une amie, donc rouler dans son ombre est vraiment un honneur.
Q : Que penses-tu du développement et de l’attention accrue portée au cyclisme féminin en Belgique ? Vois-tu de possibles améliorations ?
Hélène : Il y a toujours un déficit financier et l’attention médiatique se tourne plus rapidement vers les hommes. Mais avec les progrès que nous avons réalisés, je ne peux vraiment pas me plaindre.

Q : Qui t’inspire le plus dans le monde du cyclisme et pourquoi ?
H : Mon frère ! (Ndlr : Jules Hesters). Il travaille très dur, n’abandonne jamais et traite toujours les gens avec honnêteté et respect.
Q : En repensant aux Championnats du monde sur piste à Ballerup, quelles sont tes impressions après cette 8e place au Madison avec Katrijn Declerq ?
H : La Madison est une course par équipe, et on la « traverse » ensemble. Je me sentais bien, mais Katrijn était légèrement en retrait, ce qui l’a affectée. C’était aussi la dernière course de Kenny et nous voulions honorer sa carrière. Nous pouvions réaliser un meilleur résultat mais les choses ne se sont pas déroulées comme prévu.
Q : Quel est ton souvenir préféré en cyclisme jusqu’à présent ?
H : C’est difficile d’en choisir un, mais les championnats internationaux sur piste sont toujours particuliers pour moi.

Photo : © Bjorn Asselman.
Q : Et enfin, si tu pouvais donenr cours à tes rêves les plus fous, qu’espéres-tu réaliser dans ta carrière ? Souhaites-tu te concentrer sur le cyclisme sur route ou sur piste ?
H : J’espère exceller sur route aussi, mais mon plus grand rêve est de devenir championne du monde sur piste.
EPILOGUE
Qu’elle soit sous le feu des projecteurs ou juste en dessous, Hélène reste déterminée, nourrie par son amour du cyclisme et le frisson de la compétition. Belgique, gardez les yeux sur Hélène : bien d’autres moments inoubliables se profilent déjà à l’horizon !
(Interview réalisée par Saar de Reu)
Photo d’illustration : Championne d’Europe de l’Omnium U19 devant Cat Ferguson et Clémence Chereau © UEC