L’étape du contre-la-montre entre Monaco et Nice a refermé le feuilleton de la plus grande course cycliste au monde. Le Tour de France a rendu son verdict et il est implacable : Tadej Pogacâr était au-dessus de tous et est, sans contestation aucune, l’homme qui a cristallisé toute l’attention. Aussi bien des connaisseurs que des profanes.
ENTRE ADMIRATION ET DOUTE
Le jeune Slovène de 25 ans, grand favori de la Grande Boucle après avoir écrasé le Giro, a mis la barre très haute. Trop haute ? Pour certains, cela ne fait aucun doute. Avec ses six victoires d’étape, son impression de facilité face à ses adversaires, la fraîcheur après des étapes difficiles, les écarts abyssaux creusés parfois en très peu de temps, les records d’ascensions tombés à la pelle, seraient autant de preuves qui peuvent amener un questionnement sur les performances du vainqueur des Tours 2020 et 2021. Plus encore quand on connaît le lourd passif du cyclisme, en particulier sur le Tour.

UN STAFF AU PASSE SULFUREUX
L’entourage du Slovène interroge également. Mauro Gianetti, actuel manager de UAE, mais ancien mentor de la fameuse équipe Saunier Duval, a eu de nombreux coureurs sous ses ordres « pris par la patrouille » (Cobo, Piepoli, Mayo, Ricco, etc.). D’autre part, nous sommes bien conscients que le niveau global du peloton a logiquement augmenté en raison de divers facteurs (nutrition, matériels, récupération, suivi médical, etc.). Cela peut amener des éléments de réponses à ceux qui doutent. Il n’existe que deux choix possibles, soit on est face à une nouvelle forme de dopage, indétecable pour l’instant, soit on assiste aux performances d’un jeune gars qui a tout pour devenir, pourquoi pas, le Merckx du 21e siècle.
LE CYCLISME BELGE ENCORE AU TOP
Heureusement le Tour ne se résume pas juste à cela. Beaucoup de positif est à ressortir de ce millésime 2024. Côté belge, nous n’avons certainement pas à nous plaindre. Avec un total de cinq victoires d’étape, nous sommes la deuxième nation en termes de succès derrière la Slovénie (et le seul Pogi avec ses 6 victoires).
Toutes les équipes belges, sans exception, se sont imposées ! Mais remarquons surtout parmi les quatre équipes qu’Intermarché-Wanty a réalisé l’impensable ! Mettre Biniam Girmay sur le podium de Nice avec le maillot vert, en plus de trois succès d’étape tous acquis au sprint ! Il s’agit là peut-être de la plus belle des récompenses pour l’équipe wallonne et l’un des plus beaux messages que le sport peut envoyer. L’Afrique est maintenant un Continent qui compte dans le monde du vélo.

REMCO LE BLANC
La Belgique a aussi la chance de posséder un jeune coureur talentueux qui n’est plus à présenter : Remco Evenepoel ! Le Branbançon a levé bien des doutes et renvoyé ses détracteurs à leurs critiques. Sur ce Tour, terminer à la 3e place et glâner une étape, c’est démontrer qu’il pouvait tenir la distance sur trois semaines et en haute montagne face aux meilleurs coureurs du plateau !
Sa victoire au classement du meilleur jeune ne souffre non plus d’aucune contestation puisque son dauphin, Carlos Rodriguez, navigue à plus de 15 minutes de l’ancien champion du monde ! Il a déjà prévenu qu’il reviendra l’an prochain. Cette fois pour jouer le jaune ? Sa marge de progression semble encore énorme, il n’est donc pas impensable d’imaginer un jour Remco se retrouver en jaune à Paris et devenir le successeur de Lucien van Impe !
ENFIN UN PARCOURS POUR ROULEURS ?
Celà fait maintenant quelques années que les organisateurs décident de miser principalement sur de nombreuses étapes montagneuses pour faire la différence au classement général. Si Remco désire se revêtir du jaune en fin de Tour, il faudrait sans doute compter sur un parcours un peu plus favorable à ses qualités intrinsèques de spécialiste du chrono. Depuis trop longtemps maintenant la distance des chronos est rabotée ou l’épreuve chronométrée s’assimile de plus en plus à de la montagne ! Durant les années Hinault, spécialiste lui-même du chrono, le nombre de kilomètres octroyés aux chronos avoisinait les 150 km, si pas plus…
Lors du Tour 1992 remporté par Indurain, l’épreuve du chrono était aussi considérée comme la discipline « reine » et le juge de Paix du Tour, jugez plutôt : 8 km de prologue, 1 chrono par équipes de 63.5 km, 1 chrono individuel de 65 km et un dernier clm individuel de 64 km
Alors ASO, quand reviendra-t-on a des étapes chronométrées dignes de ce nom ?
MATTHIEU HENROTEAUX