On n’a pas les mots, on n’a plus les mots ! Mais rappelez-vous la prédiction d’Eddy Merckx, reconverti en prophète pour tout un peuple qui ne vit quasiment que pour le vélo : « Remco fera un doublé historique », nous annonçait le cannibale ! Et oui mon Eddy, il l’a fait notre petit cannibale ! (Au passage nous étions aussi les seuls à pronostiquer un doublé)
Montmartre, le terrain des artistes, l’artiste Remco Evenepoel a remporté sa deuxième médaille olympique. Il l’a fait dans une course folle et incontrôlée, dans laquelle le Belge semblait inspiré comme un impressionniste. Dans de telles compétitions, c’est un génie imbattable – c’était déjà le cas avec les jeunes. Mais il est belge notre Remco, alors cette crevaison est venue ajouter cette note de surréalisme bien de chez nous !
JAMAIS UN DOUBLÉ CHRONO-ROUTE N’AVAIT ÉTÉ RÉALISÉ AUX JEUX OLYMPIQUES ! C’EST HISTORIQUE !
Jamais auparavant un coureur n’avait remporté à la fois l’or dans la course sur route et l’or dans le contre-la-montre lors des mêmes Jeux Olympiques. A contrario, cet exploit avait été réalise chez les Dames, avec la légendaire Leontien Zijlaard-van Moorsel en 2000.
Fabian Cancellara s’en est approché à Pékin avec une médaille d’or au chronomètre et une d’argent sur route. Et Jan Ullrich a fait le contraire, l’or dans la course en ligne et l’argent dans le contre-la-montre.
UN RECORD OLYMPIQUE BELGE
Il est le seul Belge actuellement en vie à avoir remporté deux médailles d’or lors d’une même olympiade : Il faut remonter en 1920 avant de retrouver un compatriote doublement médaillé d’or, l’archer Edmond Cloetens…
REACTION DU DOUBLE CHAMPION OLYMPIQUE
Au micro d’Eurosport juste après l’arrivée, Remco ne pouvait plus cacher sa joie après son exploit historique : ‘Je me sens un peu malade à cause de l’effort violent. Ce fut une journée très difficile vous savez. Gagner ici et être le premier coureur à réaliser le doublé c’est historique.’
- MADOUAS, LE DERNIER ADVERSAIRE
Valentin Madouas aura été le dernier coureur à voir Remco Evenepoel, un peu comme Lutsenko à Wollongong : ‘Je n’étais pas sûr de pouvoir le lâcher. Je sentais pourtant que ses jambes se vidaient et j’avais déjà choisi l’endroit où je pouvais correctement l’attaquer. Une fois mon écart établi, je me suis dit qu’il fallait pousser, pousser, et encore pousser sur mes pédales jusqu’à l’arrivée sans me poser de questions.
- UNE CREVAISON INATTENDUE
Pourtant, les choses auraient pu très mal tourner à cause d’une crevaison à 3,5 kilomètres de l’arrivée : ‘Cela a été un véritable choc et c’était extrêmement stressant, a déclaré Evenepoel. Sans oreillettes, le motard m’avait prévenu que je n’avais qu’une demi-minute d’avance ! (Ndlr : probablement que le motard s’est mal exprimé en anglais en confondant 1min 30 et 30 secondes, une faute largement répandue). C’est pour ça que j’étais si stressé mais heureusement, la voiture belge était derrière moi et tout s’est bien terminé.’
- LA PHOTO DOUBLEMENT DORÉE
Sur la plus haute marche du podium et la Brabançonne en fond sonore, le Belge n’a finalement pas pu s’empêcher de verser sa larme, fier aussi de poser devant les photographes, paré de ses deux médailles d’or olympique. « C’était l’idée de ma femme de ramener la première médaille du chrono et je la remercie pour ça, avouait-il. Ça fait de superbes images. Je me sens maintenant un peu comme Michael Phelps. »
TEMOIGNAGES D’APRES-COURSE
- WOUT VAN AERT
Dans l’ombre du triomphe de Remco Evenepoel, Wout van Aert a terminé 37e de la course olympique sur route. En cause une chute dans les derniers kilomètres de la finale. Dans Paris by Night, le podcast de Sporza, il a notamment commenté l’épreuve par ses mots :
« Mathieu (van der Poel) et moi avons réalisé que nous ne roulions pas pour les médailles. »
« Je ne me sentais pas super durant la course mais quand j’ai pu suivre MAthieu lors de son attaque, à ce moment-là je me suis dit que j’avais les jambes pour faire quelque chose de grand. Rares sont ceux qui peuvent répondre à une telle attaque de Mathieu. »
Après cela, il y a eu un regroupement dans le peloton : « J’ai été choqué qu’il y ait encore un groupe aussi important car nous ne sommes pas restés immobiles. J’ai ensuite vu Remco décoller comme une fusée. C’était bien joué de choisir ce moment de récupération entre les ascensions. Je savais que le moment était décisif car personne n’a pu y aller. Remco était clairement le plus fort.’
Il a ensuite endossé le rôle d’équipier modèle: « Nous nous surveillions Mathieu et moi… et puis nous avons subitement réalisé que nous ne roulions plus pour les médailles. Une place d’honneur était possible mais tout s’est envolé à cause d’une chute : Ça a l’air très grave quand tu regardes les images mais ça va. J’ai mal estimé le virage.
- TIESJ BENOOT
Il n’a pas seulement un mais deux pieds dans la victoire belge aujourd’hui, tellement son travail a été prépondérant pour aider au mieux nos leaders à écrire l’histoire, il livre ses impressions au micro de la RTBF : ‘J’avais de très bonnes jambes aujourd’hui et j’ai pu rouler à différents moments clefs. J’ai fait mon travail jusqu’à Montmartre et puis les leaders sont entrés en action. Avec l’expérience de l’équipe, on a bien géré, bien réagi mais surtout on avait le leader pour aller au bout ! Remco ? Il a beaucoup changé depuis que je le connais. C’est devenu un vrai leader et avec son succès sur le chrono il était logiquement plus relax. Il était là sans pression mais encore avec des jambes exceptionnelles. Maintenant on va aller faire la fête... ‘
- SVEN VANTHOURENHOUT
L’histoire du cyclisme belge aux Jeux Olympiques de Paris est désormais écrite avec ce doublé historique et auquel le nom de Sven Vanthourenhout sera également lié à jamais. Au micro de Sporza, l’émotion était au rendez-vous :
‘ »‘C’est quelque chose qu’ils montreront dans un documentaire dans 20, 30 ou 40 ans », déclare fièrement l’entraîneur national.’ Y compris l’ultime crise cardiaque, avec la crevaison d’Evenepoel : ‘J’ai immédiatement voulu le rassurer en conduisant à côté de lui et en lui communiquant son avance. Ce n’est normalement pas autorisé, donc cela pourrait me coûter une amende par le jury des commissaires », sourit Vanthourenhout qui s’en moque visiblement.
Sven a tout gagné à la tête de l’équipe cycliste belge. Est-ce la fin de son histoire en tant que sélectionneur national ? ‘Ce n’est ni le moment ni le lieu pour parler de cela. Nous devons tous profiter de ce moment unique. Nous sommes ici avec une équipe mondiale, sur et en dehors du vélo. Le staff qui nous accompagne est accompagné de gens qui comprennent et qui ont travaillé jour et nuit la semaine dernière pour amener ces hommes au départ dans des conditions les plus optimales possible. Et ils l’ont fait de manière remarquable balbutie Vanthourenhout submergé par l’émotion.‘ Le sélectionneur national essuie brièvement une larme : ‘Je suis tellement fier de toute l’équipe.’
Quel regard Vanthourenhout porte-t-il sur la course olympique sur route d’un point de vue tactique ? : ‘Le plan a été largement suivi, même si nous ne nierons pas que ce groupe comprenant Madouas et Healy constituait une réelle menace. Mais les hommes ont parfaitement résolu ce problème, la mise en œuvre a été parfaite. Nous savions où Remco attaquerait. Lors du dernier briefing hier, nous nous sommes mis d’accord et tout le monde connaissait sa mission.’
Même il y a quand même un petit bémol dans la victoire belge. Wout van Aert a chuté dans les derniers kilomètres : ‘Il aurait probablement pu sprinter pour le bronze », estime Vanthourenhout. Mais nous étions venus ici pour gagner et non pour une médaille. Gagner était la priorité absolue et nous l’avons fait.’
- VALENTIN MADOUAS
Il y a des résultats qui marquent une carrière et une médaille d’argent chez lui en France, c’est une mini consécration pour Valentin Madouas, lui dont la sélection avait été remise en question alors que Benoît Cosnefroy faisait une très bonne année 2024 et pouvait logiquement revendiquer aussi une place dans l’équipe. Au micro d’Europsort, il a confirmé que la médaille d’or était hors de portée : ‘Remco était plus fort de toute façon, je le sentais bien. J’ai essayé de bien gérer mon effort pour essayer de ramener quelque chose. On était là pour une médaille et au final on en a deux avec Christophe qui termine 3e, c’est juste incroyable.‘
Si les coureurs français terminent aussi bien sur cette épreuve, c’est sans doute grâce à cet incroyablement engouement de la foule venue en masse les encourager : ‘Dans Montmartre je n’ai jamais vécu ça et je n’ai jamais vu autant de monde de toute ma vie sur une course, Tour de France compris. On n’entendait rien et j’avais encore mal aux oreilles 20 minutes après l’arrivée tellement les gens criaient fort. Forcément ça nous a porté. L’aide du public était incroyable.‘
- CHRISTOPHE LAPORTE
Troisième derrière Remco Evenepoel et Valentin Madouas, le Varois a mis quelques instants à réaliser, comme il l’a expliqué par la suite : ‘Je ne savais pas exactement la place à laquelle j’arrivais. J’étais concentré sur le fait de ne pas rouler, parce qu’il y avait Valentin devant, et sur mon final aller chercher le meilleur résultat possible, mais sur le moment je ne savais même pas que j’étais troisième. C’est en passant la ligne que j’ai vu Valentin heureux, je me doutais que c’était pas la médaille d’or parce que j’avais pas revu Remco. Valentin et Remco m’ont dit ‘Tu fais trois’, c’était la bonne surprise !’
- MATHIEU VAN DER POEL
Avec Mathieu van der Poel, les Pays-Bas étaient les grands favoris sur un parcours qui présentait de nombreuses similitudes avec le championnat du monde de l’année dernière à Glasgow. Lorsque Van der Poel a lancé sa première attaque sur la montée pavée de Montmartre, les dés semblaient à nouveau jetés. Au micro de la télévision néerlandaise NOS, l’actuel champion du monde sur route se voulait réaliste : ‘En fait, je pensais que la course était terminée à ce moment-là. Nous sommes partis avec quatre ou cinq coureurs très forts (Wout van Aert, Julian Alaphilippe…) et avions une belle petite avance. Mais nous n’avons pas creusé un écart suffisant et ils ont fini par revenir sur nous et quand Remco a attaqué sans que nous puissions prendre sa roue, je savais déjà qu’il allait probablement aller s’imposer.‘
Pourtant, Dylan Van Baarle a fait tout ce qu’il pouvait pour maintenir l’écart le plus petit possible afin que Van der Poel puisse réessayer d’attaquer par la suite : ‘J’ai fait tapis sur la dernière montée à Montmartre et j’ai tout donné. J’avais Wout van Aert avec moi et comme on puvait s’y attendre, il ne m’a pas relayé parce que Remco était devant nous, c’est logique.’
- JULIAN ALAPHILIPPE
11e de la course et acteur dans le final, Julian ne tarissait pas d’éloges pour son jeune équipier : ‘ll s’est clairement assagi, il a évidemment progressé, et je pense qu’il est honnêtement beaucoup plus costaud qu’il y a quelques années. Ses résultats actuellement ne surprennent personne n’est-ce pas ? C’est beau ce qu’il réalise et je suis très content pour lui‘, a-t-il déclaré.
- KOOS MOERENHOUT
Pour Moerenhout, l’entraîneur national des cyclistes néerlandais, une répétition des Championnats du monde à Glasgow n’a malheureusement pas eu lieu. Si Mathieu van der Poel a remporté de manière convaincante le titre mondial il y a un an, il a terminé douzième aux JO de Paris au terme d’une finale agitée : ‘Remco a attaqué alors que tout le monde reprenait ses esprits après l’attaque de Mathieu. Van Baarle n’est pas parvenu à réduire l’écart sur Remco mais honnêtement, qui peut rattraper du temps quand il part comme ça, a déclaré l’entraîneur national hollandais au journal Telegraa. Nos attentes et nos espoirs étaient réalistes mais c’est ça le sport !‘ a-t-il déclaré au journal De Telegraaf.
- GREG VAN AVERMAET : « La même ambiance qu’à Rio »
Greg Van Avermaet connaît maintenant son successeur après son titre olympique il y a 8 ans à Rio. « Voir cette atmosphère si particulière à Paris m’a rappelé ce qu’il s’est passé à Rio lors de mon titre, a-t-il déclaré au Sporza Daily.
ll n’y a pas que Remco Evenepoel qui a fait une belle course. Ses coéquipiers l’ont soutenu tout le long du parcours. Van Avermaet souligne le rôle important qu’ils ont joué :
‘Ils n’ont jamais laissé la course leur échapper. Après le contre-la-montre, tout le monde a désigné la Belgique comme favorite, mais avec seulement 4 coureurs, c’est difficile de contrôler une course. Tiesj a joué un rôle tellement important dans ce succès, et on comprend encore mieux dans ces moments que le cyclisme est un sport d’équipe.’
- NICOLAS FRITSCH
Nicolas Fritsch, ancien coureur et présentateur d’Eurosport France avait pronostiqué de manière assez prophétique la victoire de Remco Evenepoel sur son podcast par ces mots : ‘Quand Remco Evenepoel va prendre 10 mètres d’avance, bon courage aux autres…‘ Le présentateur du Late Cycling, excellent podcast suivi par de nombreux connaisseurs de cyclisme sur Twitter X, ne s’est une fois de plus pas trompé dans son analyse…
LA FETE A LA BELGIUM HOUSE
En Belgique, quand il s’agit de fêter quelque chose on est jamais en reste… L’excellent Average Rob a mis le feu avec un Remco… déchaîné !
‘On met la patate ! ‘
REPLAY VIDÉO DE LA COURSE (Merci Sporza)
Si vous avez raté la course, voici les 40 dernières minutes de la course partagée par Sporza (commentaires en néerlandais)
TOP 10 DE L’ÉPREUVE