Ce dimanche a tourné la dernière page des Grands Tours, version 2024. La Vuelta, coutumière d’être la troisième roue des GT a permis à Primoz Roglic d’entrer un peu plus dans l’histoire de la Petite Reine en devenant codétenteur avec Roberta Heras du nombre record de victoires sur l’épreuve ibérique avec 4 succès.
LE TOUR LE PLUS PASSIONNANT DE LA SAISON
A plus d’un titre, cette cuvée est pour moi celle qui a sauvé les épreuves de trois semaines de l’ennui le plus total qui soit. Non pas que son vainqueur soit une surprise, loin de là, mais le scénario a été bien différent des grandes boucles françaises et italiennes qui se sont déroulées plus tôt dans la saison.
MOINS DE POGACAR PLUS DE SUSPENSE
Pour être clair, il n’y avait pas de Pogacâr pour tenter un incroyable et historique triplé. Et heureusement ! Sans cela la course au maillot rojo était déjà jouée d’avance. Ici non, pas de Slovène attaquant à la moindre occasion et remportant six étapes. Nous, fans ou spécialistes, avons pu échanger, parler tactique, discuter des équipes et de la course, avons pu avoir le plaisir de pronostiquer, de regarder le parcours, de tenter de deviner si l’échappée irait au bout, etc.
A contrario, nous n’avons pas dû rester devant notre téléviseur pour savoir où l’attaque de Pogi allait s’effectuer, regarder le jaune ou le rose s’envoler en une accélération, regarder les minutes et les secondes s’égrainer pour enfin constater les dégâts, veiller aux temps d’ascensions et même devenir suspicieux ! Cette course si passionnante, nous la devons certes au parcours, difficile à souhait, mais surtout à l’audace des protagonistes !
O’CONNOR OU L’IMPOSSIBLE QUÊTE
Tout d’abord, celle d’un Australien, outsider plus que favori, qui lors de la 6e étape a réalisé un véritable festival au point de se demander si après une semaine de course, celle-ci n’était déjà pas pliée tant les écarts creusés par Ben O’Connor étaient importants ! À côté de cela, la concurrence ne s’est pas affolée. Elle a repris du temps au fur et à mesure que l’épreuve avançait, Roglic se délectant des brutales ascensions espagnoles aux pourcentages vertigineux. Mais c’est l’ensemble du top 10-15 qui n’a pas renoncé ! Malgré des débuts difficiles pour certains, ils n’ont pas baissé les bras devant l’Aussie, qui a montré par moment des limites sur les abruptes pentes du parcours.
L’homogénéité du tracé a aussi permis d’entrevoir d’hypothétiques renversements de situation, tant pour la victoire finale que pour le podium et les places d’honneur. Carapaz, Gaudu, Mas et toute la clique ont montré les muscles sans pour autant renverser la hiérarchie et à ce jeu-là, seul Roglic y est arrivé.
Finalement les écarts ne sont pas abyssaux et suivre la course jour après jour a été un vrai plaisir. Notre joie n’a cependant pas été pleine puisque l’ombre de Wout van Aert a lourdement pesé pour nous Belges sur cette troisième semaine. Si l’on a fêté Thomas de Gendt, il n’en reste pas moins un goût amer au moment d’évoquer les victoires d’étapes et les maillots distinctifs que sont le vert et le maillot à pois bleus. Nous avions enfin retrouvé le couteau suisse du peloton !
Wout van Aert aurait certainement pu glaner l’un ou l’autre bouquet supplémentaire. Mais non, pis que cela, nous avons perdu tout dans une stupide chute. Nous avons perdu un possible successeur à Thomas de Gendt, meilleur grimpeur de la Vuelta 2018.
Nous avons perdu le vert, quasiment déjà acquis. Mais nous avons surtout perdu un coureur exceptionnel pour le reste de la saison, voire plus encore. Il avait la victoire aux championnats, qu’ils soient d’Europe ou du Monde, dans les jambes. L’un ou l’autre, il méritait d’en « claquer une » après tous les efforts consentis pour revenir à son meilleur niveau. Maintenant place aux soins physiques, mais aussi psychiques. Ces derniers risquent d’être plus long…
CLASSEMENT FINAL DE L’ÉPREUVE (TOP 10)
Photos : La Vuelta Official