ENTRETIEN AVEC MILAN DONIE

Le vainqueur de la Flèche Ardennaise revient avec nous sur les moments clefs de la défunte saison et dresse avec nous le portrait d’une saison 2025 qui s’annonce sous les meilleurs auspices ! Il revient également sur son amitié avec Jarno Widar et se confie notamment sur le terrible accident qui a failli lui couter la vie.

Milan, tu t’es fait connaitre cette année-ci du grand public en gagnant l’une des plus belles courses pour espoirs et ce, dès ta première année dans cette catégorie, LA FLECHE ARDENNAISE ! Es-tu satisfait de ta saison 2024 ?

Milan Donie : Oui ! Je suis assez satisfait de ma saison. Les débuts ont été assez instructifs et le milieu de saison était vraiment très bon ! Malheureusement, après le Giro U23, j’ai attrapé le Covid et je n’ai plus retrouvé la forme. Donc globalement je suis satisfait mais j’aurais aimé faire une meilleure deuxième partie de saison !

Et le moins bon moment ?

M.D. : Je pense que le pire moment pour moi a été de perdre la troisième place au classement général de la Ronde de L’Isard. J’ai perdu énormément de temps dans la descente lors de la dernière étape… C’était honnêtement le moment le plus désagréable de ma saison. Heureusement, j’ai pris le temps d’améliorer mes compétences en descente, et maintenant… je n’ai plus ce problème ! (Ndlr : Milan a travaillé durant 2 mois avec une pointure en la matière, le psychologue du sport Jens Van Lier, pour surmonter certaines appréhensions dans les descentes).

Parle-nous un peu de tes objectifs principaux pour 2025 ?

M.D. : Mes principaux objectifs seront de bien performer à nouveau dans les grandes courses montagneuses du calendrier U23. Grâce à un bon recrutement, l’équipe a grossi ses rangs avec l’arrivée de nouveaux grimpeurs. Donc je vais toujours aider Jarno bien sûr, mais je pense qu’il y aura aussi des opportunités pour jouer ma carte personnelle. Bien sûr, aider l’équipe à gagner des courses restera toujours aussi important !

C’est une très bonne nouvelle pour toi, tu vas enfin pouvoir te tester sur des courses de classement !

M.D. : Oui ! Comme je l’ai dit, l’équipe a investi dans d’autres coureurs polyvalents, ce qui me permettra d’aller plus loin dans les finales sans dépenser autant d’énergie dans le rôle d’équipier.

Complète cette phrase, ma saison 2025 sera réussie si je …

M.D. : Si je gagne une autre course UCI et que je peux faire un top 10 au classement général du Giro Next Gen ou du Tour de l’Avenir tout en aidant Jarno.

L’investissement de Lotto auprès de ses jeunes est exemplaire. Est-ce que l’équipe a un plan de carrière en tête pour toi ?

M.D : Oui effectivement ! Nous avons déjà discuté de l’avenir et ils ont un bon plan pour me former en tant que coureur régulier et constant au niveau WorldTour. Je me sens vraiment bien dans cette équipe.

Je sais que vous partez à plusieurs coureurs faire des stages en montagne. Tu peux expliquer un peu le concept ? Qui compose ce groupe ? Et pourquoi c’est important ?

M.D. : Je suis allé dans les Vosges cette saison avec Kamiel Eeman pour m’entraîner un peu. Kamiel, Jarno, Niels Driesen et moi sommes également allés en Espagne nous entraîner tous ensemble durant tout l’hiver. Nous sommes effectivement de très bons potes et nous avons forgé cette amitié depuis les catégories juniors. C’est toujours plus amusant de s’entraîner avec des amis plutôt que seul. 🙂

Peu de gens le savent mais en 2022, tu es victime d’une sale chute lors de la course Aubel-Thimister-Stavelot. Tu es plongé dans le coma durant deux jours… As-tu pensé arrêter le vélo ? Où as-tu trouvé la force pour revenir ?

M.D. : Je pense surtout avoir eu beaucoup de chance de ne pas me souvenir de la chute en elle-même. La première semaine après mon réveil, j’ai passé la plupart du temps à dormir, donc j’ai vraiment évité le pire ! Je pense que sans cela, j’aurais eu trop peur de continuer à courir…

Et un an après tu bats le fameux record d’ascension en France au ballon d’Alsace ! Où tu as battu le temps de Remco Evenepoel ! Es-tu toujours fier de ce résultat ? Avais-tu préparé ce test ?

M.D. : Tous les jeunes grimpeurs en Belgique connaissent ce test et veulent y performer. L’année précédent mon record, en tant que première année chez les juniors, j’étais déjà proche du record absolu ! Donc mon objectif en deuxième année était de le battre. Je ne me suis pas préparé spécifiquement pour ce test. J’ai juste suivi mon entraînement et je me sentais très bien le jour venu. J’en suis fier, mais je pense que cela ne signifie pas grand-chose en termes de réussite. Cela montre que vous avez du potentiel, mais la course et ces tests sont deux choses complètement différentes Si la course était aussi simple que de pousser très fort sur les pédales lors d’un test, j’aurais gagné beaucoup plus de courses…

Comment est venue cette passion pour le cyclisme ? Je pense que c’est familial n’est-ce pas ?

M.D. : Effectivement, je viens d’une véritable famille de cyclistes du côté paternel ! Mon oncle, Wim Van Huffel, a été professionnel pendant plusieurs années, tandis mes deux cousins courent aussi. C’est comme ça que j’ai commencé à m’intéresser au sport et à faire du vélo moi-même.

Qui étaient tes idoles quand tu étais plus jeune ? Tu avais des posters de coureurs dans ta chambre ?

M.D. : Je me suis vraiment investi dans le vélo à un âge assez avancé, vers 12 ans je pense. Je n’avais pas de posters de coureurs dans ma chambre, mais j’adorais regarder la Team Sky en action dans les grands tours. Geraint Thomas est l’une de mes idoles, tout comme Chris Froome, mais actuellement j’aime aussi beaucoup Brandon McNulty car nous avons à peu près le même profil de coureur.

Tu as des capacités sur chrono, surtout quand c’est pentu. Est-ce quelque chose que tu vas encore travailler ?

M.D. : Oui, bien sûr ! J’aimerais vraiment être bon en chrono. J’ai toujours eu des difficultés à délivrer ma pleine puissance à cause de ma position sur le vélo de contre-la-montre. D’ailleurs nous travaillons dessus avec l’équipe depuis cet hiver, mais c’est encore loin d’être parfait. Par contre, les contre-la-montre en montées se font généralement avec un vélo de course,… donc là je n’ai pas de problème pour pousser les watts !

Maintenant tu peux nous le dire… tu es forcément content que Jarno reste dans l’équipe avec toi ? Vous êtes un peu les Laurel et Hardy de chez Lotto lol ?

M.D. : Oui, je suis vraiment heureux que nous puissions continuer à nous développer ensemble. Je pense que cela m’ouvre des opportunités que nous grandissions ensemble dans ce milieu. Cela me permet d’évoluer sans la pression de devoir absolument gagner moi-même, ce que je n’aime pas vraiment. Nous avons tous les deux signé chez Lotto jusqu’en 2027, et j’espère que notre collaboration continuera après bien sûr !

Justement, comment est née cette amitié ?

M.D. : Nous nous sommes rencontrés pour la première fois sur la course ‘Ster van Zuid-Limburg’ en tant que juniors première année. J’ai entendu un gars derrière se moquer de moi parce que j’avais deux types de pédaliers Shimano différents sur mon vélo. C’était Jarno haha. Et puis nous avons fait plus ample connaissance et nous sommes devenus de très bons amis. Même chose avec Kamiel Eeman qui était aussi sur cette course.

Quelle est la course que tu rêverais de gagner chez les pros ?

Une arrivée mythique en montagne au Tour de France, comme le Mont Ventoux ou l’Alpe d’Huez ! (Ndlr : Nous en sommes persuadés de notre côté !)

Je suppose que tu as remarqué qu’il y a beaucoup de sympathie autour de toi dans la partie francophone du pays. Un dernier petit mot à nos lecteurs ?

M.D. : Effectivement, et je tiens d’ailleurs à vous remercier tous pour tout le soutien que je reçois ! Ce sont les supporters qui vous font avancer dans les moments difficiles, il est bond de le rappeler ! J’essaierai de faire de mon mieux en retour !

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