L’Étoile de Bessèges 2025 restera dans les mémoires comme une édition marquée par le chaos, les polémiques et… la première victoire de la saison d’Arnaud De Lie. Dans des conditions météorologiques exécrables et sur un parcours perturbé par des incidents de sécurité, le jeune Belge de l’équipe Lotto a su garder la tête froide pour s’offrir son premier succès en 2025…
UN DÉPART SOUS HAUTE TENSION
Dès les premiers kilomètres, la troisième étape de l’Étoile de Bessèges a viré au cauchemar. Alors que le peloton affrontait une pluie battante et un vent glacial, une voiture a surgi dans un rond-point, interrompant la course et provoquant l’ire des coureurs. Cet incident, qui fait suite à un autre accrochage avec un véhicule lors de la deuxième étape, a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Plusieurs équipes, dont Soudal Quick-Step, Red Bull-Bora, EF Education-Easypost et Lidl-Trek, ont décidé de quitter la course en signe de protestation.
Paul Magnier, leader du classement général avant cette étape, a justifié la décision de son équipe : « La sécurité de nos coureurs et du staff est la priorité. Nous ne pouvons pas prendre de risques inutiles. » Un sentiment partagé par de nombreux autres managers, mais pas par tous. En effet, certaines formations, notamment les équipes continentales, ont choisi de continuer, soulignant la difficulté financière et logistique de se retirer d’une course.
UN PELOTON DIVISÉ, UNE COURSE NEUTRALISÉE
Après plus d’une demi-heure d’arrêt et de discussions tendues entre les coureurs, les organisateurs et les commissaires, la course a finalement repris, mais dans un contexte lourd. Le Col des Brousses, initialement prévu pour être escaladé à trois reprises, a été réduit à une seule ascension en raison des événements. Le peloton, réduit à une soixantaine de coureurs, a repris la route dans une ambiance électrique.
Arnaud De Lie, lui, a fait un choix différent de celui des équipes parties. « Je ne me suis même pas posé la question, j’ai continué, » a-t-il confié au micro de L’Équipe. « Si tout le monde s’arrête, l’Étoile de Bessèges aurait du mal à continuer. Nous avons la chance de vivre de notre passion, et c’est grâce à ces courses que nous existons. J’ai voulu respecter les organisateurs. »
DE LIE, MAÎTRE DU SPRINT ET DES ÉLÉMENTS
Malgré les conditions difficiles et le chaos ambiant, Arnaud De Lie a su garder son sang-froid. Dans les derniers kilomètres, un groupe d’échappés, composé notamment de Dylan Teuns, a tenté de prendre de l’avance, mais le peloton, mené par les équipes Arkéa-B&B Hotels et Lotto, a réussi à les rattraper. Le sprint final a été un duel entre deux Arnaud : De Lie et Démare. Et c’est le jeune Belge qui a montré la plus grande puissance, franchissant la ligne en premier malgré la pluie et le froid.
« C’est une victoire spéciale, » a déclaré De Lie après la course. « Les conditions étaient extrêmes, mais c’est ça aussi le cyclisme. Tout le monde se souvient de la victoire de Bernard Hinault à Liège-Bastogne-Liège sous la neige en 1980. Aujourd’hui, ce n’était pas aussi extrême, mais c’était une journée folle. Je me sens un peu héroïque. »
UNE VICTOIRE QUI VA AU-DELÀ DU SPORT
Au-delà de la performance sportive, la victoire d’Arnaud De Lie est un message fort. Alors que le cyclisme professionnel est secoué par des questions de sécurité et de respect des coureurs, le jeune Belge a choisi de défendre l’esprit même de son sport. « La sécurité est primordiale, mais sans courses, nous ne pouvons pas exercer notre métier, » a-t-il rappelé. « J’espère que cette victoire montrera que, malgré les difficultés, le cyclisme reste une passion qui mérite d’être défendue. »
Cette victoire permet également à De Lie de s’emparer du maillot de leader de l’Étoile de Bessèges, une position qu’il compte bien défendre lors des prochaines étapes. Pour lui, cette course est une étape clé dans sa préparation pour les objectifs à venir, notamment le Tour de France.
LA SÉCURITÉ, UN ENJEU MAJEUR POUR L’AVENIR
Les incidents de cette édition de l’Étoile de Bessèges ont relancé le débat sur la sécurité dans les courses cyclistes. Gérard Bulens, consultant à la RTBF et ancien coureur, a souligné les défis auxquels font face les organisateurs, notamment les plus petits : « Il y a une nouvelle connotation dans la société où les gens n’ont plus le temps d’attendre le passage d’une course. Les bénévoles, qui sont essentiels, ne sont pas toujours respectés. Il faut trouver un équilibre entre la sécurité des coureurs et l’intérêt des organisateurs. »
Le syndicat des coureurs (CPA) et l’UCI ont également réagi, promettant des mesures pour éviter que de tels incidents ne se reproduisent. Adam Hansen, président du CPA, a annoncé la création d’un document visant à partager les meilleures pratiques entre les grands et les petits organisateurs. « Nous devons aider les petits organisateurs à organiser des compétitions sûres. La sécurité ne devrait pas être un luxe réservé aux grandes courses. »
UNE VICTOIRE SYMBOLIQUE ?
Arnaud De Lie n’a pas seulement gagné une étape de l’Étoile de Bessèges ; il a démontré son respect pour les organisateurs et sa détermination à continuer malgré les obstacles qui font de cette victoire bien plus qu’un simple succès sportif. C’est un rappel que le cyclisme, malgré ses défis, reste un sport de passion, de résilience et de beauté.
Et comme l’a si bien dit De Lie : « C’est ça aussi le vélo. »

CLASSEMENT DE L’ÉTAPE
