Comment ne pas s’émouvoir, en ce triste jour, de l’abandon de la carrière de la plus grande championne nationale de cyclocross de ces deux dernières décennies ? Elle a marqué de son empreinte cette discipline comme aucune autre Belge ne l’avait fait avant elle et a grandement contribué à la popularisation de la version féminine d’un sport dont les racines modernes sont profondément ancrées dans notre pays.
DES DEBUTS TONITRUANTS
Née en 1990 à Ekeren, Sanne Kant a débuté très jeune en athlétisme et en duathlon avant de se tourner vers le cyclocross où elle a remporté son premier maillot de championne de Belgique (junior) lors de la saison 2005-2006. Une championne hors catégorie venait d’éclore à 15 ans à peine ! S’en suivirent deux nouveaux titres nationaux chez les juniors et une deuxième place en espoirs avant qu’elle ne rejoigne, et marque de la plus belle des manières, la cour des “grandes”. Cour où elle a tout gagné !
LA REINE DE LA BOUE
Sanne avait gagné ce surnom grâce à sa capacité à exceller sur des parcours boueux et techniques, comme lors de ses titres mondiaux. Elle a souvent déclaré que ces conditions difficiles étaient ses préférées car elles mettaient en valeur ses qualités de pilotage et sa ténacité.
PALMARES EN QUELQUES LIGNES :
- 127 victoire professionnelles !
- Championne du monde : 2017, 2018, 2019 ;
- Championne d’Europe : 2014, 2015, 2017 ;
- Championne de Belgique : de 2010 à 2024 (15 x !) ;
- Classement général de la Coupe du Monde : (2014-2015, 2015-2016, 2017-2018) ;
- Vélo de crystal féminin en 2019.
Mais aussi : Plusieurs victoires en Superprestige : notamment en 2017-2018 et 2018-2019. Plusieurs manches de la Coupe du Monde. En dehors du cyclocross, elle a également participé à des compétitions sur route et en VTT, faisant d’elle une coureuse complète et polyvalente. Son style de course agressif et sa capacité à performer sous la pression lui ont valu une réputation de coureuse solide et pugnace durant toute sa longue carrière, faisant d’elle une icône au nord de notre pays.

CHAMPIONNE DU MONDE 3X DE SUITE !
Ces trois victoires consécutives (2017-2019) témoignent de son talent exceptionnel, notamment sur des terrains techniques, et de sa capacité à rivaliser avec les meilleures mondiales. Un palmarès qui fait d’elle une légende du cyclo-cross belge !
1 – 2017 – BIELES (Luxembourg)
Sanne Cant a remporté son premier titre mondial à 26 ans, sur un parcours exigeant et boueux. Face à une concurrence redoutable, notamment la Néerlandaise Marianne Vos, grande favorite avec sept titres à son actif, Cant a su tirer profit d’un incident mécanique de Vos dans le dernier tour.
Elle a aussi failli perdre la course à cause d’un dérapage dans une section boueuse. Elle a raconté après coup avoir retenu son souffle jusqu’à la ligne d’arrivée, pensant que Vos allait revenir. Elle s’est imposée finalement avec une gestion intelligente de la course, devançant Vos et la Tchèque Katerina Nash, marquant ainsi le début de sa domination.

2 – 2018 – VALKENBURG (Pays-Bas)
L’année suivante, Cant a défendu son titre sur un circuit particulièrement difficile, avec des conditions boueuses et un dénivelé éprouvant. Sa maîtrise technique et sa constance lui ont permis de prendre l’avantage. Elle a franchi la ligne devant l’Américaine Katherine Compton et la Néerlandaise Lucinda Brand, consolidant sa réputation de coureuse redoutable sous pression.

3 – 2019 – BOGENSE (Danemark)
Cant a complété son triplé sur un parcours technique et glissant, sous la pluie. Face à une armada néerlandaise impressionnante, elle a fait parler sa tactique et sa précision pour s’échapper en solo dans les derniers tours. Elle a devancé Lucinda Brand et Marianne Vos, devenant la dernière coureuse non-néerlandaise à ce jour à remporter le maillot arc-en-ciel.

QUI POUR LUI SUCCEDER ?
Plusieurs coureuses belges commencent à pointer leur nez. Dans une interview pour sporza, Sanne parle surtout de deux coureuses qui pourraient un jour marcher dans ses pas. L’une d’entre elles est sa coéquipière Marion Norbert Riberolle : « Elle montre qu’elle a vraiment quelque chose à offrir, mais elle doit être présente sur chaque course. C’est un point sur lequel elle doit désespérément travailler. Pour l’instant elle choisit trop souvent les courses auxquelles elle a envie de participer. C’est juste une question de motivation, car je suis convaincu qu’elle peut performer sur n’importe quel parcours ».
Outre Norbert-Riberolle, elle a également un faible pour une très jeune coureuse : « À plus long terme, j’espère que Fleur Moors pourra progresser. Donnez-lui le temps de grandir et de se développer sereinement. Il ne faut pas lui mettre trop de pression. »
C’est donc la larme à l’œil que toute l’équipe de notre rédaction te dit merci Sanne !
Puisses-tu rencontrer autant de victoires dans tes prochains défis que celles que tu as remportées dans les labourées !

Photo : © Corendon-Crelan
REVIVEZ EN VIDEO SES TROIS TITRES MONDIAUX
Photo d’illustration : © DMG (Merci à Guido de Meyer pour ces beaux clichés !)