Des échappées victorieuses, la bataille pour le général et van Aert au four et au moulin, la deuxième semaine de cette Vuelta s’est avérée pleine de rebondissements.
LES BAROUDEURS A L’HONNEUR
Alors que les favoris se sont montrés conquérants tour à tour lors de la première semaine, ce sont maintenant les échappées qui ont le vent en poupe. Depuis la première journée de repos, pas moins de cinq étapes (sur six) sont tombées dans l’escarcelle d’un des animateurs de la première heure : les « baroudeurs » qu’ont été Wout van Aert, Eddie Dunbar, Pablo Castrillo (par deux fois) et Michael Woods ont levé les bras au bout d’une journée à batailler à l’avant. Le seul sprint de ce deuxième opus est revenu de justesse au sprinteur Australien, Kaden Groves. Il faut aussi dire que le tour de force de Ben O’Connor sur la 6e étape n’y est pas étranger tant les écarts creusés par le coureur de Décathlon-Ag2r étaient importants. Il était par conséquent préférable à la formation française de laisser filer des baroudeurs pour ne pas avoir à courir derrière des favoris chassant la victoire d’étape et les bonifs qui vont avec.
ROGLIC NE ROMPT PAS
Cela n’a quand même pas empêché les adversaires du dernier 4e du Giro de mettre la pagaille afin de réduire leurs débours. Et au jeu du chasseur de temps, le vainqueur est de loin Primoz Roglic, véritable ‘maître du temps’. Au soir de l’exploit du Wallabies, le Slovène naviguait à la deuxième place du classement et à près de 5min (4m51 pour être précis). C’est peu dire qu’il a comblé une grosse partie du fossé qui existe entre l’actuelle leader et son dauphin.
Roglic n’est maintenant pointé qu’à un peu plus d’une minute d’O’Connor. Et encore, Roglic a connu certains moments difficiles (comme au Cuitu Negru), son physique n’étant pas encore au top (mal de dos) et une pénalité est venue le priver de 20 secondes. Mais la Vuelta reste son terrain de chasse préféré : de courtes montées avec des pourcentages parfois ahurissants sont ce qu’il affectionne et que l’on retrouve allègrement sur ce Tour de façon générale.
ENRIC MAS EN EMBUSCADE
L’autre grand bénéficiaire de la semaine n’est autre qu’Enric Mas. Déjà trois fois deuxième de son Tour national, il pointe maintenant à 2m23 d’O’Connor. Le grimpeur espagnol est même le seul des favoris à avoir pu s’isoler dans une ascension et prendre une minute d’avance avant de voir ses efforts réduits à néant avec un presque chute, corrigée par miracle. Mais il est aussi le seul à avoir pu donner l’impression de mettre Roglic en difficulté. C’est pour cette raison qu’il apparait comme le troisième homme à la victoire finale dans moins d’une semaine à Madrid.
WOUT VAN AERT VOIT TRIPLE
WVA se démultiplie depuis le début du Tour d’Espagne, cuvée 2024 : nous avons connu Wout van Aert rouleur, sprinteur, en rouge et en vert. Sûr de sa forme, il s’est laissé tenter par quelques devoirs supplémentaires en prenant les échappées dont une lui a ramené un troisième succès d’étape !
Se muer en attaquant a eu aussi pour effet d’aiguiser encore un peu plus son appétit déjà vorace puisqu’il se bat maintenant également pour les pois du meilleur grimpeur. Un maillot qu’il ne porte pas puisqu’il se pare déjà quotidiennement du vert. Mais ce nouveau maillot distinctif sera dur à garder en raison du nombre d’étapes encore vallonnées durant la dernière semaine et qu’il est au coude à coude avec Jay Vine (même nombre de point que WVA) pour ramener le maillot. Vine qui est d’ailleurs, sur le papier, meilleur escaladeur que notre compatriote.
CIAN UIJTDEBROEKS
Il avait à coeur de réitérer ses performances du Tour d’Espagne 2023, mais cette année est à classer comme « transition » tant il est rattrapé par la malchance en se faisant contrôler deux fois positivement au Covid, mais aussi parce qu’on sent que son équipe a énormément de mal à le faire entrer dans un « programme » qui le bonifie. Sans accompagnement thérapeutique et nutritionnel ad hoc chez Bora (il prenait tout en charge seul), il parvenait à réaliser de meilleures performances mais semblait aussi nettement plus enclin à prendre du plaisir sur son vélo… On a quand même revu un léger sourire revenir sur son visage au cours des dernières étapes.
UN TOUR PASSIONNANT
Pour conclure, ce Tour d’Espagne reste passionnant comme se fût le cas durant la première semaine. Et ce à bien des niveau, qu’il s’agisse des batailles épiques pour les victoires d’étape, la lutte pour le maillot rojo et/ou voir WVA faire feu de tout bois sur tous les terrains.