Le Tour du Rwanda 2025 s’est achevé ce dimanche 2 mars à Kigali sur une note aussi inattendue que polémique. La 7e et dernière étape, qui devait conclure une semaine de compétition intense dans les rues de la capitale rwandaise, a été annulée dans des circonstances qui continuent de faire débat. Au centre de la controverse : le Français Fabien Doubey (TotalEnergies), qui a finalement remporté le classement général, mais dont l’attitude a suscité l’ire de plusieurs coureurs, notamment Henok Mulubrhan et Milan Donie.
UNE ETAPE STOPPEE PAR LA METEO… ET UNE FRONDE !
Prévue sur un circuit de 61 kilomètres autour de Kigali, cette ultime étape devait offrir un dernier spectacle avant de sacrer le vainqueur de cette 17e édition. Cependant, des conditions météorologiques difficiles, notamment des averses matinales ayant rendu les routes glissantes, ont rapidement compliqué la donne. Dès le départ fictif, une chute collective a semé le doute parmi les coureurs et les organisateurs. Après une première neutralisation pour permettre aux coureurs de se relever et à la chaussée de sécher, la course semblait pouvoir reprendre.
C’est là que Fabien Doubey, porteur du maillot jaune, est intervenu. Inquiet des risques liés à la météo et soutenu par une partie du peloton, le Français a pris la tête d’une fronde pour demander l’arrêt définitif de l’étape ! Sa proposition : figer les classements de la veille, ce qui lui assurait la victoire finale avec 6 secondes d’avance sur Henok Mulubrhan et 11 secondes sur Oliver Mattheis.
Face à cette pression, les organisateurs, en présence d’une délégation de l’UCI venue évaluer le parcours en vue des Championnats du monde, ont finalement cédé : la course a été annulée, et Doubey déclaré vainqueur.

MULUBRHAN ET DONIE VENT DEBOUT !
Cette décision n’a pas manqué de provoquer des réactions indignées, notamment de la part de Henok Mulubrhan et Milan Donie, deux coureurs qui voyaient dans cette étape une dernière chance de bouleverser le général.
L’Érythréen Mulubrhan, dauphin de Doubey à seulement 6 secondes, n’a pas caché sa frustration : « Ça l’arrangeait bien qu’il n’y ait pas d’étape aujourd’hui. On n’aurait jamais arrêté une course pour quelques gouttes de pluie en Europe. » Pour lui, ancien vainqueur du Tour du Rwanda en 2023, cette annulation prive la compétition d’une conclusion sportive équitable.
Même son de cloche du côté de Milan Donie, le jeune Belge de Lotto Development Team, 4e au général à 12 secondes. Après une 2e place impressionnante la veille sur le Mont Kigali, Donie estimait avoir les jambes pour défier Doubey sur ce circuit final : « Si on annule une étape ici pour ça, alors il n’y aurait plus une seule course en Flandres. Le pavé mouillé et glissant, ça n’arrête pas une course », a-t-il lancé, soulignant l’incohérence selon lui de cette décision dans un contexte où le cyclisme européen brave souvent des conditions bien pires.
Contacté par nos soins, Milan Donie ajoute que le gel du classement était peut-être un mal pour un mieux mais qu’il aurait été préférable selon lui de laisser aller l’échappée à son terme afin qu’il y ait quand même un vainqueur d’étape, préservant ainsi l’image de la course.
Nous ajouterons qu’il est quand même assez cocasse pour un coureur de Cyclo-Cross, 15e aux derniers Championnats du Monde à Liévin, de vouloir stopper une course à cause de la pluie …

DOUBEY VAINQUEUR, MAIS SOUS TENSION
À 31 ans, Fabien Doubey signe ainsi sa première victoire professionnelle, un succès historique pour un Français sur le Tour du Rwanda, course créée en 1988. Pourtant, ce triomphe risque de laisser un goût amer. Initiateur de l’arrêt, il n’a pas directement commenté la polémique, mais son rôle dans cette fin abrupte ne passe pas inaperçu.
Si les coureurs de la Total Energie jugeaient que la sécurité n’était pas assurée (ce qui est très respectable) ils pouvaient, comme d’autres équipes à Bessèges, ne pas prendre le départ et laisser partir ceux qui le désiraient. Pourquoi cette option d’annuler ? Et comment ne pas repenser aux propos de Jean-René Bernaudeau qui critiquaient les équipes ayant déserté l’Etoile de Besseges alors que les problèmes de sécurité étaient bien plus graves qu’au Rwanda ?
Le public rwandais, venu nombreux pour assister à cette étape-test avant les Mondiaux de septembre, a également exprimé son mécontentement face à une course tronquée.
L’annulation, justifiée ou non, soulève des questions sur la gestion de la course et la prise de décision sous pression. Alors que Kigali se prépare à accueillir les Championnats du monde, ce faux pas pourrait alimenter les débats sur la capacité du Rwanda à gérer des événements d’envergure sous des conditions imprévues.
CLASSEMENT DE L’EPREUVE

