Manon Viaene, jeune cycliste belge de 18 ans et membre des Baloise Minimax WB Ladies Juniors, continue de briller dans sa catégorie. Récemment titrée au Championnat de Wallonie, l’occasion était belle de présenter à nos lecteurs une jeune coureuse wallonne qui représente régulièrement la Belgique dans des courses internationales. Manon reste une étoile montante à suivre de près, place donc à l’interview !
Pour commencer, félicitations Manon pour ta victoire au Championnat de Wallonie. Une victoire surprise ou attendue ?
Oui cette course faisait clairement partie de mes objectifs. Surprise non, car l’année dernière j’aurais déjà pu revendiquer quelque chose mais un problème mécanique au premier tour a vu mes ambitions partir en fumée. Cette année j’ai donc pu prendre ma revanche en m’y imposant. Comme c’est ma dernière année chez les juniores, cette victoire me tenait particulièrement à coeur.
Justement, parlons de la saison prochaine, on te verra dans le peloton des U23 ?
Je ne sais pas encore dans quelle équipe je vais courir, rien n’est décidé. Je prendrai ma décision dans le courant du mois d’août. Rien n’est décidé.

Tu fais partie actuellement de l’équipe Baloise Minimax, une structure où j’ai été agréablement surpris du nombre de jeunes coureuses belges qui s’y illustrent.
Il y a effectivement une grosse génération qui arrive et il est vrai que l’effectif chez Baloise est énorme. Le niveau est très élevé.
Comment est née cette passion pour le vélo ? Via des amis ? Ou bien c’est une histoire de famille ?
J’ai toujours donné au sport une place importante dans ma vie, j’ai d’ailleurs fait du Volley à haut niveau dans une académie durant 7 ans. A un moment donné, j’ai ressenti un désir de changement et je me suis tourné vers le vélo. Alors pour l’anecdote, ce serait aussi familial car, je serais la petite nièce de Jean-Pierre Monseré !
Incroyable ! Pour nos lecteurs qui ne connaissent pas cette légende, il s’agit d’un coureur belge sacré champion du monde à l’âge de 20 ans, vainqueur d’un monument (Tour de Lombardie) et malheureusement décédé dans des circonstances tragiques lors d’une course en Flandres à l’âge de 22 ans.
Alors, pour la petite histoire, je ne l’ai appris que récemment. C’est mon grand-père qui me l’a dit, je n’étais vraiment pas au courant. J’ai des origines flamandes du côté paternel, dans la région de Renaix.

Pourvu que le talent de ton illustre ancêtre coule dans tes veines !
J’espère lol !
En parlant de ta famille, plus proche de toi, ta sœur fait aussi partie de l’équipe Baloise ! Est-ce toi qui lui a donné le virus ?
Non pas du tout, on a commencé ensemble chez Sprint 2000. Au début elle avait un peu d’appréhension mais quand elle a vu que tout se passait bien pour moi, elle a emboîté le pas. Elle se débrouille vraiment bien d’ailleurs !
Aux derniers championnats qui se sont déroulés dimanche dernier, c’est uns acré talent qui s’est imposé, Auke de Buysser. Parlons franchement, où se situe ton niveau par rapport à la championne de Belgique de ta catégorie ?
Ca dépend du profil de la course. Au sprint elle est imbattable. Mais quand ça grimpe je suis dans mon domaine de prédilection, et donc j’ai un avantage naturel par rapport à elle. Je suis d’ailleurs couramment appelé en sélection nationale pour disputer des épreuves de coupe des Nations avec du dénivelé.
Je tiens d’ailleurs à signaler que l’équipe nationale m’apporte énormément, la structure nous entourant étant irréprochable. Ils nous prêtent même de très bons vélos de chrono. Autre chose à rajouter, c’est qu’on a accès à de nombreux spécialistes au besoin (kinés, nutritionnistes, mécanos,…). Ils prennent en outre des nouvelles de nous régulièrement.

Tu as une bonne relation avec Kim de Baat, ton coach national ?
Elle est géniale. C’est quelqu’un de très humain qui se donne sans compter. Elle fait un travail remarquable pour nous guider au mieux.
Je mets peut-être un peu les pieds dans le plat, mais ça change de la Wallonie n’est-ce pas ?
Pour les filles, c’est très compliqué en Wallonie effectivement. Les infrastructures sont inexistantes. Il n’y a pas de Team Wallonie pour les filles par exemple. Pour l’anecdote, ils ont failli oublier notre « Championnat de Wallonie ». On a dû le faire en peloton mixte avec des garçons. Il n’y a en outre aucune mise en avant des filles par rapport aux garçons. Seule Ludivine Henrion le fait avec son équipe mais ce n’est pas son rôle premier non plus.
J’espère que ton message est passé ! C’est maintenant l’occasion pour parler de ton style. Comment te définirais tu en tant que coureuse ?
A la base je me définirais plutôt comme étant une grimpeuse. Mais cet hiver, j’ai beaucoup travaillé sur moi et j’ai pris de la masse. Mon corps a changé lui aussi. Je commence à rivaliser sur tous les terrains. Au Tour des Flandres récemment, j’ai pu mesurer mon évolution en faisant une course quasi parfaite en restant avec les meilleures… jusqu’à 5 km de l’arrivée.
Ce fut sur le moment une déception de rater de si peu les premières places mais il faut voir le positif avant tout et constater que je suis en pleine évolution. A ce propos, Gordon de Winter avait souligné à l’antenne ma performance (Ndlr : la course était retransmise sur Pickx).
Si tu prends plaisir à te voir évoluer positivement, l’ambition sera certainement de devenir pro un jour ? Est-ce dans tes plans ?
A court terme, mon plus grand objectif sera les championnats du Monde à Kigali où j’espère faire un bon résultat si je suis sélectionnée. Concernant mon rêve de passer pro, l’idéal serait de combiner vie professionnelle et études (Ndrl : Manon envisage de faire des études de kiné).
On image alors que tu regardes les courses à la télé ?
Effectivement, je regarde beaucoup de courses. Je suis très fan de Demi Vollering, c’est la cycliste idéale. Mais si mon cœur parle, je chois aussi Lotte Kopecky, une fille très sympa qui représente parfaitement le cyclisme belge. Chez les hommes, je suis fan de Pogacar, pour l’image qu’il renvoie aussi en dehors du cyclisme.
J’attends en outre le Tour de France avec impatience et j’espère y être moi-même dans quelques années.
Derniers mots pour nos lecteurs ?
Continuez à encourager les filles en Wallonie ! On a vraiment besoin de votre soutien !

Photo : © Manon Viaene
Interview téléphonique réalisée par Olivier Gilis.
Photo d’illustration : Thierry DeBruyn