On a bu du petit lait hier, ou plutôt de la bonne bière ! C’est chez nous, en Belgique, qu’un Belge est devenu champion d’Europe pour la première fois depuis la création de cette compétition ! En effet, jamais un Belge ne s’était imposé sur ce championnat depuis sa première édition et la victoire de Peter Sagan en 2016. Par contre, nous étions abonnés aux places d’honneur : Van Aert 3e en 2018, Lampaert 2e en 2019, Evenepoel 2e en 2021, Merlier 3e en 2022 et encore Van Aert 2e en 2023).
Tim Merlier est LE meilleur sprinteur de la saison et ce, sans discussion. Il aura gagné tout au long de la saison contre les meilleurs sprinteurs du monde et termine ici en beauté avec, ne l’oublions pas, le travail acharné de son poisson pilote et homme providentiel : Bert Van Lerberghe !
INTERVIEWS
- TIM MERLIER : ‘Ma chaîne a lâché à 300 mètres de l’arrivée.’
- Au micro des organisateurs, Tim Merlier semblait hébété, ne réalisant pas encore qu’il venait tout juste de remporter le plus beau succès de sa carrière : ‘Les choses ne se sont vraiment pas bien passées pour moi au cours des deux premières heures. Par la ensuite j’ai recommencé un eu à croire en mes possibilités. Plus la course avançait et plus je commençais à croire en une possible victoire. J’ai bien cru que tout était fini quand ma chaîne s’est détachée à environ 300 mètres de l’arrivée. Mais elle s’est remise en place et « la mer s’est ouverte devant moi » (sic). J’ai pu correctement lancer mon sprint au bon moment !’
- ‘Après mes deux titres de Champion de Belgique, celui-ci signifie beaucoup pour moi. C’est un rêve devenu réalité de devenir champion d’Europe dans mon pays et devant ma famille. J’ai vraiment hâte de porter ce beau maillot. C’était mon grand objectif de cette fin de saison. J’ai travaillé dur pour y arriver et j’ai malheureusement chuté deux fois au cours de ma préparation. Mais j’ai continué à y croire et maintenant je peux enfin y croire.‘
- PATRICK LEFEVERE : ‘Tim avait le droit de participer’.
- On le sait, Tim Merlier n’était au départ pas prévu dans la pré-sélection du coach national. Jasper Philipsen s’était d’ailleurs dit « un peu déçu » de ne pas être le seul leader désigné en cas d’arrivée au sprint. La sélection de Tim Merlier, on la doit au principal intéressé qui a téléphoné lui-même au coach national pour « forcer » sa participation, mais aussi à Patrick Lefevere qui a fait du lobbying pour son sprinteur attitré. Heureux du dénouement final, le manager de la Soudal-Quickstep était bien évidemment un homme heureux comme il en témoigne à l’HLN : ‘Son dos était salement amoché lors de sa chute au Renewi Tour. Et à Hambourg, il est de nouveau retombé durement au sol. Lundi, il m’a d’ailleurs dit qu’il avait mal un peu partout, mais que fort heureusement ses jambes étaient toujours excellentes.’
- ‘Que j’ai pu convaincre le sélectionneur d’opter quand même pour Tim est un bien grand mot ! Deux sprinteurs ne garantissent pas toujours un éventuel succès. Mais j’ai pensé qu’il avait autant le droit que Philipsen d’y participer. J’ai donc suggéré de partir avec Jasper et Tim car qui ne tente rien n’a rien. Et ça s’est bien passé. Merci aussi aux Italiens, car ils ont fait le plus gros du travail.‘
« Tim Merlier était clairement le plus rapide. Il mérite la victoire » (Jasper Philipsen)
- JASPER PHILIPSEN :
- Malgré la tournure des événements, Philipsen visiblement déçu n’éprouve par contre aucune particulière envers Merlier : ‘J’ai tout donné dans mon sprint et je n’ai pas été assez rapide, je ne peux rien revendiquer de plus’, analyse-t-il avec honnêteté, après avoir manqué une médaille en terminant 4e derrière Madis Mihkels.
- ‘Nous avions carte blanche pour sprinter chacun de notre côté aujourd’hui et Tim (Merlier) était clairement le plus rapide. Il mérite sa victoire, c’est aussi simple que ça. En outre je n’avais pas mes meilleures jambes aujourd’hui.’
- ‘Dans un sprint, on ne sait jamais comment ça va se passer. Même si je sentais que mes jambes n’étaient pas top, il y a toujours de l’espoir. Au final je ne peux rien me reprocher et je suis bien sûr content pour Tim. Il a mérité sa victoire car il était l’homme le plus rapide aujourd’hui. Il fait aussi une très bonne saison. Tim est un beau vainqueur.‘
- EDWARD THEUNS : ‘J’étais à mon meilleur niveau.’
- Rappelé à la dernière minute, le coureur de la Lidl-Trek à montré qu’il avait largement mérité sa sélection :
- ‘Je suis très satisfait car j’ai eu la difficile tâche de remplacer Wout van Aert, mais j’ai fait de mon mieux pour suivre les attaques avec les autres dans la boucle limbourgeoise. Cela a plutôt bien fonctionné. Le sprint était assez mouvementé mais honnêtement j’ai pu facilement me positionner pour donner un dernier coup de main. Tout le monde a pu voir que j’étais à mon meilleur niveau de forme comme je l’avais annoncé au coach pour justifier ma sélection.’
- ‘Tim et Jasper sont les 2 meilleurs sprinteurs et vous pouviez voir qu’ils pouvaient tous les deux gagner. En soi cela a payé de parier sur deux chevaux plutôt qu’un.’
DEUX SPRINTEURS, UNE SEULE EQUIPE
Ils étaient six pour guider les 2 leaders belges vers l’or au Championnat d’Europe. Finalement, Tim Merlier a tiré au sort le ticket gagnant à la grande tombola européenne du sprint avec comme finalité un alrge sourire sur le visage de tous les coureurs du camp belge. Mention spéciale à deux coureurs en particulier : Laurenz Rex et Edward Theuns ! Car s’il y avait bien deux « mini-trains » dans le final pour emmener nos deux flèches, tout au long du parcours, les deux coureurs belges ont été au four et au moulin pour soit contrer, soit participer et endiguer des échappées. Un travail de l’ombre dont il nous semblait particulièrement nécessaire de souligner. Dans le cyclisme, et il est bon de le rappeler, une victoire est presque toujours le fruit d’une stratégie collective.
- BERT VAN LERBERGHE, meilleur ami et poisson pilote attitré de Tim Merlier abondait dans ce sens: ‘Il faut un peu de chance pour que le peloton s’ouvre devant toi et il faut surtout prendre des risques’, a-t-il déclaré à propos du sprint.
- La tactique belge était également risquée, mais elle fut finalement la solution ad hoc : ‘Les hommes qui ont aidé Jasper l’ont fait parfaitement et je pense que nous avons également fait du très bon travail avec Tim. Et malgré la polémique, vous ne pouvez pas laisser Jasper et Tim à la maison sans vous sentir un peu coupable le jour de la course si ça se passe mal pour l’un des deux. L’ambiance était d’ailleurs bonne toute la semaine. Nous étions une seule équipe le long de l’épreuve, et seulement en finale on a joué la carte avec deux équipes distinctes pour emmener nos sprinteurs’.
MAUVAIS CHOIX TACTIQUE DES PAYS-BAS
SEP VANMARCKE : « Je n’ai pas compris les Néerlandais »
Spectateur et commentateur attentif de la course sur la chaîne Sporza, comment Sep Vanmarcke a-t-il perçu le Championnat d’Europe des Néerlandais qui comptait l’un des hommes les plus actifs de la course en la personne de Mathieu van der Poel ? :
‘Je n’ai pas compris le choix des Néerlandais d’envoyer Teunissen et Van Poppel dans les échappées. C’étaient les deux poissons pilotes d’Olaf Kooij. Les Pays-Bas ont épuisé bêtement des équipiers et il ne restait plus personne pour emmener Kooij lors du sprint final.’
Et Mathieu Van der Poel ? ‘Mathieu savait bien sûr qu’il ne fallait pas attendre le sprint. C’est pourquoi il a tenté sa chance avec Pedersen. Il était déjà bon sur le Renewi Tour et a clairement passé un pallier supplémentaire en vue des Championnats du monde.’
CLASSEMENT DE L’EPREUVE
Image d’illustration : UEC OFFICIAL